39/45 Magazine n°367 (Heimdal, 2021)

39/45 Magazine propose ici un numéro particulièrement riche qui dépasse la seule description d’opérations militaires bien connues. En effet, plusieurs sujets renvoient à la question de l’engagement pour une cause et des interprétations historiques. Car de nombreuses questions sensibles subsistent encore plus de quatre-vingts ans après les faits. D’autres sujets sont malheureusement toujours d’actualité comme la gestion de communautés considérées comme potentiellement dangereuses. Tous ces thèmes montrent ô combien la Seconde Guerre mondiale nourrit notre actualité des tensions géopolitiques et culturelles et inversement.

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Recension

Vers le divorce germano-soviétique

Roger MOORHOUSE avec son livre Le Pacte des diables remet au goût du jour le pacte germano-soviétique. Il permet de dépoussiérer le rôle actif de l’URSS qui a une politique d’expansion aussi active que celle du III. Reich. Joseph STALINE est le seul leader politique à parvenir à ses fins et même mieux encore grâce aux retards occidentaux à l’Ouest de septembre 1944 à mars 1945.

Quelques mois après la parution de son édition traduite en français, Georges BERNAGE s’intéresse à la dégradation rapide du pacte germano-soviétique.

Dans un premier temps, celui-ci permet le dépeçage de la Pologne entre les régimes nazi et soviétique qui agissent de concert. Les méthodes de l’un n’ont d’ailleurs rien à envier à celles de l’autre. Tout semble aller pour le mieux dans un premier temps. Les deux parties en tirent de nombreux avantages territoriaux et économiques.

Cependant, cette alliance hétéroclite bat assez vite de l’aile. Les ambitions des deux régimes les amènent à lorgner inévitablement sur des mêmes zones d’intérêt.

Les ambitions réelles de l’URSS sur l’Europe avant que le III. Reich ne déclenche l’opération Barbarossa restent encore obscures. Cette page d’Histoire conserve encore des secrets. Il faudrait pour cela ouvrir en grand les archives politiques et diplomatiques de Moscou… Une utopie aujourd’hui du fait des tensions géopolitiques et du poids que représente encore cette période à l’Est de l’Europe.

Résistant ou collaborateur ?

Pour comprendre cette extrême sensibilité, il faut lire l’article consacré à Alfons REBANE. Estonien, jugé peu fiable pour rester dans l’armée après l’annexion de son pays par les Soviétiques, il prend le maquis quand les Allemands envahissent l’URSS. Intégré dès août 1941 au sein de l’armée allemande, il est ensuite versé dans la Waffen-SS comme tous volontaires étrangers. Dernier commandant de la 20. Waffen-Grenadier-Division der SS, il n’est pas livré à l’URSS comme les autres Osttruppen. Le transfert de ses cendres et l’hommage officiellement rendu par les autorités estoniennes ravivent les tensions avec la Russie. Comment doit-il alors être considéré ? La réponse dépend évidemment de son propre angle de vue.

Petit regret, l’article n’apporte pas grand détail sur le processus d’intégration aussi rapide des ressortissants baltes dans les rangs de la Wehrmacht.

Flensburg, dernière capitale du III. Reich

Pour le grand public, le 8 mai 1945 signifie la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Mais bien peu réalisent que le régime nazi ne disparait politiquement que le 23 mai 1945. Les Britanniques arrêtent alors Karl DÖNITZ, successeur officiel et désigné d’Adolf HITLER, et son gouvernement.

L’article met en lumière les illusions allemandes de préserver une identité politique indépendante, héritière du régime en place depuis 1933. L’éviction de quelques personnalités dérangeante cherche à rendre plus acceptable le gouvernement. En vain, d’autant que l’URSS fait tout pour empêcher un éventuel compromis avec les reliquats d’une administration nazie. Contrairement à 1939, ce n’est plus son intérêt…

Complément du récent livre paru chez Helion Theirs the Strife, the Forgotten Battles of British Second Army and Armeegruppe Blumentritt, April 1945), le texte évoque également la description des troupes allemandes du Nord.

De l’omniprésence de la symbolique nazie

Reproduisant numéro après numéro des objets mis en vente par cette maison, 39/45 Magazine révèle l’utilisation systématique de la symbolique nazie en Allemagne et dans les pays occupés. Après avoir évoqué la Germanische-SS dans les contrées hollandaises et flamandes (n°364), norvégiennes et danoises (n°366), ce numéro s’intéresse à leurs insignes remis aux membres bienfaiteurs qui contribuent en partie à leur financement, aux insignes sportifs et de capacité ainsi qu’à la Croix pour le mérite du Schalburg-Korps.

Par ailleurs, le “musée imaginaire” permet de présenter un très originale Schlüsselgerät SG 41 servant à coder les informations météorologiques. Outre des boutons de manchette offerts à Rudolf HESS par Heinrich HIMMLER, l’article expose un Allgemeines Sturmabzeichen pour soixante-quinze jours de combat et une dague de chasse (Ehrendolch) offerte par Hermann GÖRING à l’as allemand Gordon GOLLOB. Enfin, sur une double page, le lecteur découvre en détail une grande tenue de soirée appartenant à Curt LUDWIG, membre de la SS, récupérée par un Américain et dans un remarquable état de conservation.

L’épineuse question des populations considérées comme “à risque”

Les parcours d’anciens SS allemands ou étrangers ne sont pas les seuls à illustrer la complexité et les ambiguïtés du conflit. C’est ce que révèle aussi le parcours des Japonais vivant aux Etats-Unis au moment de l’attaque de Pearl Harbor. Par mesure de précaution, les Etats-Unis les isolent et les internent. Ils sont finalement libérés progressivement avant la fin du conflit. Certains font le choix de s’engager militairement aux côtés des Américains. Regroupés dans le 442nd Regimental Combat Team, ils intègrent la 34th US Infantry Division. Ils combattent en Italie et non contre le Japon.

Aussi décisif dans le Pacifique qu’Overlord ou Bagration en Europe

L’affrontement au large des îles Marianne est en effet l’équivalent dans le Pacifique ce que la bataille de Normandie ou l’opération Bagration sont en Europe : décisif, même si l’adversaire possède encore de solides capacités militaires.

Globalement, le numéro suit l’évolution des derniers numéros de la revue avec un contenu textuel étoffé, complété par une iconographie faisant la part belle aux reproductions d’objets d’époque en complément des traditionnelles photos d’archive.

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