39/45 Magazine n°366 (Heimdal, 2021)

Le sommaire de ce numéro de 39/45 Magazine est particulièrement diversifié et propose un contenu parfois très original avec sept articles dont certains dénotent par leurs illustrations.

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Pour commencer, un sujet historiquement sensible : comme il l’avait fait en son temps avec l’ouvrage de Roman TÖPPEL sur Koursk (cf. 39/45 Magazine n°351), Georges BERNAGE s’appuie sur la traduction du livre de Roger MOORHOUSE pour revenir sur le contenu et l’impact pacte germano-soviétique. Si effectivement l’auteur britannique met en lumière le rôle particulièrement trouble de l’URSS particulièrement expansionniste et agressif vis-à-vis de ses voisins en 1939 et 1940 avec la complicité du III. Reich, l’éditorial du numéro soulève la question du déséquilibre de traitement par la Grande-Bretagne et la France à l’égard de l’URSS par rapport à l’Allemagne.

La gravité des faits reprochés à l’URSS n’a en effet rien à envier à celle de ceux occasionnés par le III. Reich. Cependant, il parait difficile d’en conclure que la Grande-Bretagne puis la France auraient dû entrer en guerre contre le co-envahisseur de la Pologne. En effet, l’Allemagne reste à l’évidence le primo agresseur et l’instigateur de l’acte. Ensuite, l’URSS présente son intervention comme une opération de stabilisation suite aux troubles consécutifs à l’invasion allemande sachant que clauses qui concernent la répartition des restes territoriaux polonais sont confidentielles – elles ne seront découvertes qu’à la fin de la guerre par les Alliés dans les archives allemandes et les Soviétiques affirmeront jusqu’à la chute de l’URSS que le document est un faux.

La question qui mériterait d’être creusée serait la perception française et britannique de la situation : les milieux diplomatiques et politiques occidentaux sont-ils dupes ou pas des explications soviétiques ? Sachant que de toute façon la Pologne est déjà condamnée quand l’Armée Rouge y entre et que les Alliés n’ont de toute façon pas l’intention d’intervenir militairement pour soulager leur allié agressé qui est de fait abandonné à son sort (cf. 39/45 Magazine363)…

En tout cas, se replonger sur le rôle de l’URSS jusqu’à l’opération Barbarossa permet de démystifier quelque peu son rôle de blanche colombe que la propagande soviétique s’évertue à mettre en avant dès l’automne 1939 et jusqu’à 1989. En 1939 et 1940, trois pays ont clairement un rôle d’agresseurs et s’activent pour mettre en péril l’équilibre européen : l’Allemagne, l’Italie et l’URSS. En profitant bien sûr des rivalités et des faiblesses des autres bien incapables d’offrir un réel front commun devant de tels appétits.

Jean-Yves MARY propose une nouvelle fois un article passionnant autour de la bataille de France en 1940. En l’occurrence, il se penche ici sur la valeur militaire des extensions de la Ligne Maginot sur les frontière du Nord. Ce qui frappe, ce sont les choix qui sont faits par les responsables locaux qui n’ont pas les moyens de leurs ambitions et qui fait également preuve d’une certaine autonomie de décision dans les constructions qu’ils décident (emplacements, nature des ouvrages). La gestion de la pénurie des moyens n’est à l’évidence pas optimale à la vue des opérations militaires dans la région, notamment autour de Sedan, Maubeuge et Valenciennes. Les moyens octroyés s’avèrent à l’évidence insuffisants et les arbitrages pas des plus pertinents. En tout cas, l’article procure un angle d’éclairage extrêmement intéressant sur les combats de Sedan et l’entrée de la 7. Panzer-Division lors de son entrée sur le territoire français. L’apport des clichés d’origine privée et les cartes des plans de feu français est appréciable.

Trois portraits assez denses complètent ce numéro. D’un côté Anton DUNCKERN qui est en charge de la Gestapo en Moselle et qui se fait capturer lors de la prise de Metz. Son parcours éclaire ce type de carrière dans l’appareil nazi et les moyens déployés par les Allemands pour prendre le contrôle de ce territoire annexé aux dépends de la France.

De l’autre, le parcours de Creighton ABRAMS qui s’illustre en Europe à l’Ouest au sein de la 4th US Armored Division notamment lors de l’exploitation américaine au-delà d’Avranches jusqu’en Lorraine puis dans les Ardennes où il force l’encerclement allemand autour de Bastogne (cf. 39/45 Magazine365) avant de finir le travail en Allemagne. Sa carrière ne se termine pas en 1945 et se poursuit brillement après-guerre au point de donner son nom au Main Battle Tank principal de l’US Army de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle.

Le troisième portrait concerne Chuck YEAGER (voir aussi Le Fana de l’Aviation n°614 sur son rôle durant la Seconde Guerre mondiale) et son parcours d’aviateur. Un bel hommage.

Toujours aussi remarquablement illustré par d’originales photos d’archives et des reproductions d’objets couleurs, la seconde partie de l’étude de la SS germanique, cette fois en Norvège et en Danemark.

Enfin, Stéphane JACQUET poursuit son étude opérationnelle sur les combats de la forêt de Hürtgen avec les combats des 1st US Infantry Division, 4th US Infantry Division, 8th US Infantry Division et éléments de la 5th US Armored Division soulignant l’enlisement américain et l’impasse que provoque la résistance allemande malgré la débauche de moyens aériens octroyés au lancement de l’opération Queen (voir aussi Batailles & Blindés n°95).

Un numéro très intéressant dans lequel il faut juste regretter l’habituelle utilisation extensive de l’iconographie officielle américaine (photos et cartes), heureusement bien compensée pour les illustrations originales de l’article sur la Ligne Maginot et celles accompagnant l’étude sur la SS germanique permettant de souligner le raffinement et le soin portés à la symbolique et à la militarisation de la société orchestrée par le régime nazi en Allemagne et dans les pays occupés. a noter un effort particulier fait sur les notes qui accompagnent les articles et les renvois utiles à de précédents articles de la revue permettant aux lecteurs qui le souhaitent d’approfondir un sujet en valorisant la richesse du fond éditorial accumulée au fil des numéros.

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