La bataille des Ardennes est comme celle de Normandie l’un des thèmes préférés de l’historiographie consacrée à la Seconde Guerre mondiale en Europe. La production littéraire est plus qu’abondante tant en livres qu’en articles de magazines. Pourtant, elle souffre de nombreux défauts. Des origines aux conséquences de la bataille, il existe ainsi de nombreux trous dans la raquette historiographique.
Mêmes causes, mêmes effets
Pourtant, juste après-guerre, l’armée américaine réussit un véritable coup de génie historique et littéraire quand elle embarque avec elle nombre d’anciens responsables militaires allemands dans la rédaction du volet africain et européen de son récit de la Seconde Guerre mondiale. La série de publications “U.S. Army in World War II” (disponible gratuitement sur le site de son service historique) se base à la fois sur les archives des unités américaines et sur ces études faites du côté de l’adversaire. Il en résulte une vision globale des théâtre d’opérations sur lesquels l’armée américaine est engagée, une vraie mine d’or pour les amateurs… et les historiens.
En effet, la qualité du travail produit permet à nombre d’auteurs de reprendre à bon compte de la matière. D’où des textes qui se ressemblent très souvent et une cartographie reproduite à l’infini, soit dans son format d’origine, soit retravaillée sous un format plus moderne. Les Editions Heimdal puisent ainsi abondamment dans cette matière pour nombre de leurs articles et de leurs livres dans les années 70 et 80 (toujours réédités d’une façon ou d’une autre quarante ans plus tard). Et ce ne sont pas les seules !
Si le travail original des historiques officiels américains est assez exhaustif d’un point de vue chronologique et thématique, les auteurs qui s’en inspirent (pour ne pas dire qui plagient) ont malheureusement tendance à reproduire toujours les mêmes extraits des volumes publiés ou des écrits allemands, donnant ainsi un sentiment de redite parfois pénible.
Par conséquent, d’une formidable base de départ à leur date de parution, on en arrive, plusieurs décennies plus tard, à une vision historique sclérosée et figée. L’iconographie n’évolue pas beaucoup, faute de clichés de vétérans allemands disponibles pour cette période de la guerre. Et les clichés des vétérans américains ne semblent pas intéresser beaucoup les éditeurs. A croire qu’aucun GI n’est alors doté d’un appareil photo !
Un prisme historiographique déformé
A cette paresse éditoriale s’ajoute les habituels biais de l’historiographie de cette période avec une appétence infinie des auteurs et des lecteurs pour l’engagement germanique. Et encore, avec un intérêt appuyé sur quelques thèmes ou unités, comme si la propagande du III. Reich produit toujours son effet quatre-vingts ans plus tard.
Pour caricaturer, la bataille des Ardennes peut se résumer au travers de la littérature ainsi :
- La possibilité donnée par les erreurs alliées de s’échapper de la poche de Falaise / Trun / Chambois en Normandie permet aux Allemands de contre-attaquer quatre mois plus tard,
- Les Américains commettent une nouvelle erreur en laissant le front des Ardennes particulièrement dégarni et se font prendre totalement par surprise,
- Les combats se résument à la Kampfgruppe Peiper, au sacrifice de la 7th US Armored Division à Saint-Vith, à l’héroïsme de la 101st US Airborne Division à Bastogne et à l’arrêt in extremis de la 2. Panzer-Division en vue de la Meuse,
- Les premières lignes américaines sont balayées, la 106th US Infantry Division se fait même encercler et une partie de ses éléments capitule honteusement,
- Les opérations spéciales allemandes pimentent le tout (Stösser, Greif avec ses commandos et sa Panzer-Brigade 150),
- La bataille s’arrête quand la 4th US Armored Division parvient à rétablir un corridor avec les encerclés de Bastogne.
Or, il n’y a rien de plus faux. Non seulement le moment le plus critique autour de Bastogne se déroule une fois que la 3rd US Army rétablit la liaison avec Bastogne, mais les combats se déroulent également jusqu’à fin janvier 1945 dans le périmètre du saillant.
Ce qui rend possible la contre-attaque allemande
Si une bonne partie des effectifs allemands stationnés en France peut rejoindre le Westwall, la Lorraine et les Vosges malgré les menaces engendrées par la percée de l’opération Cobra et le Débarquement en Provence, cela ne suffit pas expliquer la capacité allemande de pouvoir monter une telle opération et surtout d’être en mesure de la déclencher alors que la situation militaire est catastrophique partout. Les pertes en hommes et en matériels sont très lourdes et se cumulent avec les catastrophes qui s’enchainent sur tous les autres fronts.
Que ce soit à l’Ouest, à l’Est, en Italie et au Sud-Est, les Allemands parviennent à rétablir entre août et décembre une situation qui semble pour le moins compromise. Le “miracle allemand” n’est pas uniquement lié à Market-Garden, la Lorraine ou la forêt de Hürtgen.
Il est cependant vain de condamner l’inutilité des tentatives alliées durant l’automne. Si elles ne permettent pas une victoire définitive, elles continuent de ronger le potentiel allemand avant même l’offensive. La 130. Panzer-Lehr-Division doit par exemple intervenir en Sarre, la pression dans la forêt de Hürtgen fixe un certain nombre d’unités d’infanterie qui ne peuvent se rafraîchir, sans parler de l’attaque de la 2nd US Infantry Division sur Kesternich qui contribue indirectement, mais lourdement, à l’échec allemand devant les Hautes Fagnes. Le rétablissement en Pologne et dans les Balkans à l’issue du retournement d’alliance de la Roumanie, sans parler du coup d’arrêt en Hongrie sont autant de conditions indispensables à la concentration d’une réserve stratégique pour contre-attaquer. Un contexte malheureusement bien trop simplifié dans l’historiographie.
Quels enjeux ?
Fin 1944, la défaite allemande est déjà largement consommée. La question n’est plus de savoir si le III. Reich va tomber mais quand et comment. Si l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel demeure un véritable tour de force, elle n’en reste pas moins vouée à l’échec. Quand bien même les Allemands peuvent franchir la Meuse, on les imagine mal comment en moins de quatre semaines pourraient-ils atteindre Anvers et détruire les unités alliées encerclées avant de pouvoir se rafraîchir avant de s’opposer à l’offensive soviétique Vistule-Oder.
La bataille des Ardennes est par contre cruciale dans la reconstruction de l’Europe de l’après-guerre et du rapport de force entre les futurs blocs Est et Ouest. Si la victoire américaine est sans appel contre les Allemands, son résultat et les délais engendrés sont bien moins positifs dans une perspective plus globale. Entre septembre 1944 et le franchissement du Rhin, plusieurs jalons diplomatiques cruciaux se déroulent pour préparer l’après et le rapport de force sur le terrain y joue un rôle majeur. Un lien quasiment jamais établi dans l’historiographie traditionnelle qui analyse de façon séparée les actions militaires et diplomatiques.
Les ratés de Market-Garden et en Lorraine ne sont pas graves en tant que tels dans le combat contre la Wehrmacht. Ils sont par contre désastreux dans le rapport de force vis-à-vis de l’URSS qui peut dès lors imposer ses visées territoriales sur tout l’Est de l’Europe lors de la conférence de Moscou. Le temps perdu dans les Ardennes permet de les entériner à Yalta et de forcer la main là où la répartition est encore floue. Là encore, cette dimension globale est bien peu présente dans l’historiographie qui se borne à la lutte contre le III. Reich. Or, fin 1944, ce n’est plus l’enjeu majeur. STALINE l’a compris, CHURCHILL aussi, les autres beaucoup moins. Tout est question de perspective.
Effet de surprise allemand ou faillite stratégique alliée ?
Le 16 décembre 1944, les Allemands réussissent leur effet de surprise, tant d’un point de vue tactique que stratégique. Mais les Alliés ne sont pas absolument aveugles. Ils connaissent l’existence de la 6. (SS-)Panzer-Armee et savent bien que plusieurs grandes unités ne sont plus en première ligne. La compréhension du réarmement est cependant moins bonne.
Il est encore de bon ton de s’offusquer de la prise de risque prise les Alliés dans les Ardennes en n’y positionnant qu’un rideau relativement léger de troupes, soit fatiguées (28th US Infantry Division, 99th US Infantry Division, 9th US Armored Division) soit novices (106th US Infantry Division).
Dire que le front doit être renforcé sous-entend que des réserves existent. Or, rien n’est plus faux. La logistique alliée est tendue, mais les moyens militaires aussi. Mine de rien, les troupes américaines, françaises et britanniques sont globalement à l’attaque de la frontière suisse à l’embouchure de l’Escaut. Soit elles se remettent d’une opération tout juste terminée (nettoyage de l’estuaire de l’Escaut, de la plaine du Peel, Queen, Clipper, Metz, Strasbourg, Vosges), soit elles de préparent à en lancer de nouvelles comme celle de la 3rd US Army en direction de la Sarre prévue le 19 décembre 1944. Sans parler des unités mobilisées pour garder les poches de l’Atlantique. Pour garder le tempo et maintenir sous pressions les Allemands, les Alliés n’ont d’autres choix que de prendre des risques… calculés.
Des débuts désastreux
Les dispositions de combat prises sur les premières lignes américaines sont également bien raillées (avant-postes abandonnés la nuit, faible activité de patrouille). Pourtant, en dépit de la surprise, de la supériorité numérique et matérielle allemande, la résistance américaine coûte très chère en temps, en munitions et pétrole, en matériels et en hommes. Le bilan du 16 décembre 1944 est catastrophique. La progression n’est globalement que de quelques kilomètres au mieux. L’échec de la progression vers Rocherath-Krinkelt et Monschau est rédhibitoire car il est accentué par la pertinence et la réactivité des chefs locaux.
La route de la vallée de l’Amblève n’est pas ouverte.
L’avance vers Saint-Vith est bien long et il faut une erreur de compréhension américaine sur la date et l’heure de la 7th US Armored Division pour laisser la 106th US Infantry Division sur ses positions malgré le danger d’encerclement.
En ce premier jour d’offensive, la performance de la 5. Panzer-Armee est identique à celle de la 6. (SS-)Panzer-Armee : nulle ou presque. L’Our est péniblement franchie ou pas du tout. Sur la Sûre, les unités de la 7. Armee sont incapables d’atteindre leurs objectifs, voire de sécuriser leurs points de passage. Clairement, l’opération est échec dès les premières heures, grâce à la résistance des trois divisions américaines d’infanterie et des unités de soutien qui les accompagnent.
Les angles morts de l’historiographie traditionnelle de la bataille
Les historiques de base américains sont souvent plus complets et détaillés que la production littéraire éditée depuis. Ce n’est pas le moindre des paradoxes…
Deux unités ont la responsabilité de tracer leur chemin jusqu’à la Meuse en passant la vallée de l’Amblève : la Kampfgruppe Peiper et la Kampfgruppe Hansen. L’historiographie ne retient souvent que la première en raison de la personnalité de son chef, de l’aspect quelque peu spectaculaire de son parcours et de longue trainée de crimes de guerre qui l’accompagne, le massacre de Baugnez n’étant en l’occurrence que l’arbre qui cache la forêt. Pourtant, l’échec de la Kampfgruppe Hansen rend impossible tout appui mutuel à la Kampfgruppe Peiper dans leur progression et rend impossible son sauvetage quand il s’agit de desserrer l’étau autour de La Gleize.
Située en plein milieu de l’axe d’attaque allemand, la Schnee Eifel devient la prison d’une bonne partie de la 106th US Infantry Division. Le temps perdu à venir à bout des “bleus” au centre du secteur défensif permet cependant l’arrivée effectif de la 7th US Armored Division empêche une prise rapide de Saint-Vith véritable plaque tournante des axes d’effort de part et d’autre de l’Ourthe. Pour la capacité allemande à pousser vers la Meuse, ce retard est bien plus critique que celui d’avoir loupé la prise de Bastogne sans coup férir. La responsabilité en incombe à la 5. Panzer-Armee, mais c’est la 6. (SS-)Panzer-Armee qui s’en retrouve la plus pénalisée.
Contrairement à la présentation qui en est souvent faite, l’arrivée de la 101st US Airborne Division a peu d’impact immédiat dans le blocage de l’avance allemande vers la Meuse. Les éléments ramenés pour défendre les Hautes Fagnes, l’arrivée de la 82nd US Airborne Division et de la 3rd US Armored Division ont impact bien plus important sur la première phase de la bataille. La 84th US Infantry Division permet de verrouiller ensuite le front au nord-ouest tandis que l’arrivée de la 2nd US Armored Division permet de repousser définitivement le danger.
Ce n’est que fin décembre 1944 que Bastogne devient le lot de consolation pour les Allemands et que les combats les plus violents s’y déroulent. Le centre de gravité se déplace de la Meuse à elle. Le sacrifice des hommes de la 101st US Airborne Division et de leurs compagnons d’armes prend alors tout son sens. Pendant ce temps, la progression de la 3rd US Army est laborieuse contre des unités considérées comme de second ordre. Son échec à agrandir rapidement le corridor établi par la 4th US Armored Division rend possible l’espor allemande de parvenir à encercler de nouveau la ville et de la faire tomber, jusqu’au 3 janvier 1945 tout du moins.
Cette journée marque en effet le déclenchement de l’offensive de la 1st US Army sur le flanc nord. Une troisième période s’ouvre, elle va jusqu’à la reprise de Houffalize et l’encerclement manqué des pointes avancées allemandes. Cette phase est généralement évoquée, même si très rapidement.
La dernière quant elle passe totalement sous le radar des historiens. Certes, l’offensive allemande n’a plus aucune chance de succès. Les opérations Bodenplatte et Nordwind sont des échecs mais restent elles aussi des prouesses dans leur mise en place compte tenu des circonstances. Pourtant, la dernière quinzaine de janvier 1945 est cruciale. Non seulement, les Allemands parviennent à retirer un certain nombre de leurs unités du front pour les reconstituer, mais les pertes consenties par les Américains sont encore sensibles. Alors que le front en Prusse Orientale et en Pologne se réveille brutalement le 17 janvier 1945, les Alliés occidentaux en sont encore à ramener le saillant allemand à sa base de départ et sont dans l’incapacité de lancer une offensive de la même ampleur. Il faudra plusieurs semaines pour enfin pouvoir passer le Rhin…
Les angles morts ne concernent pas uniquement les combats, mais également les unités engagées. Tout comme pour la bataille de Normandie, seules les grandes unités intéressent généralement les auteurs. Et pour cause, pour les autres, il faut plonger dans les archives, reconstituer les parcours… Un travail parfois bien plus laborieux et moins rentable que du rephrasage de textes déjà parus. Une différence de taille entre simple rédacteur et historien-auteur.
Les classiques
Ceux qui ont la chance de maîtriser l’anglais peuvent lire l’inévitable volume consacré à la bataille des Ardennes de la série “U.S. Army in World War II”. Nombre de publications bien plus contemporaines se cachent à peine d’être des copies ou s’en inspirent très directement. L’ouvrage de Charles McDONALD n’est qu’une version “privée” des travaux qu’il a effectué pour le compte des services officiels.
L’album mémorial de Jean-Paul PALLUD a au moins le mérite d’être le premier en français et possède un cachet certain, même s’il est caractéristiques des travers déjà évoqués. Idem pour les livres de John S.D. EISENHOWER ou de Michel HERUBEL qui, bien que d’une lecture agréable, ne couvrent globalement que les dix premiers jours de combat.
La fresque entamée par Philippe GUILLEMOT chez Histoire & Collections s’est malheureusement arrêtée en cours de chemin après seulement deux volumes.
Le récent Snow & Steel sort un peu de l’ordinaire. Ne rentrant pas dans les détails des combats proprement dits et loin d’être uniquement chronologique, il mène le lecteur à comprendre les interactions entre les personnes entre elle, les personnes et les faits (décisions et actions) et entre les faits eux-mêmes. Idéal pour saisir le brouillard de la guerre et les frictions clausewitziennes de la préparation et des combats.
Même si assez parcellaires et ne couvrant pas toute la bataille mais se contentant de se focaliser sur la seule phase offensive allemande, les numéros hors-série de Batailles & Blindés hors-série n°17 et 18 ainsi que son reformatage en un volume avec Ligne de Front hors-série n°37 sont très biens faits sur la forme.
A ceux qui veulent découvrir dans le détail la fresque presque complété de la bataille des Ardennes, les ouvrages de Henri CASTOR sont indispensables. Leur seul défaut est une couverture un peu rapide de la seconde quinzaine de janvier 1945. Mais ce sont les seuls textes à s’intéresser à chaque ville, à chaque village, à chaque unité qu’elle soit allemande, américaine ou britannique. Sans oublier les habitants de la région. Bref, de l’or…
Dans le domaine aérien, loin d’être anecdotique, ce n’est que tout récemment que les lecteurs francophone bénéficient d’une étude de qualité avec les 39/45 Magazine hors-série Historica n°93 et 94.
Enfin du nouveau ?
Pourtant, les lignes semblent bouger. Enfin serait-on tenter de dire…
Quelques solides articles sont parus ces dernières années sous la plume de Luc VANGANSBEKE dans Batailles & Blindés ou Hugues WENKIN dans 39/45 Magazine. Un certains nombre de combats clefs sont mis en valeur comme le drame dans la Schnee Eifel ou la lutte pour Hotton.
C’est aussi la dynamique du Mook 1944 et des ouvrages édités par Weyrich avec une équipe d’auteurs locaux. La parution de l’exceptionnel n°5 aborde les combats de fin décembre 1944 autour du corridor de Bastogne, parmi les plus violents. Une belle bouffée d’oxygène.
Quelques niches…
Certains sujets offrent quelques très belles études. Au-delà d’un certain nombre de poncifs, l’aventure de la Kampfgruppe Peiper concentre un maximum d’attention. Le summum est la trilogie Duel in the Mist qui entre dans un luxe de détails.
Sans parler de The Devil’s Adjudant. A noter également une brochure riche en cartes, Les Panzers de Peiper face à l’US Army.
Ardennes 1940 / Ardennes 1944
Même secteur, même importance stratégique, mais aussi beaucoup de différences. Peu d’auteurs se dont laissés aller à comparer les deux attaques allemandes… et les deux stratégies défensives mises en place par l’adversaire. D’où parfois des raccourcis rapides. Pourtant, un certain nombre de défauts constatés en 1944 sont déjà présents en 1940. Quelques éléments décidés parviennent facilement à bloquer un adversaire supérieur en nombre et en puissance. De quoi reposer la question de l’impossibilité de franchir le massif des Ardennes. Dans les faits, il est possible de le traverser y compris avec des troupes motorisées et des chars. Les Ardennes ne sont pas les Alpes non plus, été ou hiver.
Mais le secteur offre de sacré possibilités de défense et d’occasion de ralentir l’adversaire. En mai 1940, Belges et Français font le chois de laisser la possibilité aux Allemandes de traverser le massif avec une volonté évidente de se retirer derrière la Meuse. Le seul hic, c’est que quand on ne veut pas réellement défendre, on ne risque pas de freiner l’adversaire qui peut dés lors se retrouver bien vite à l’autre extrémité. Ce fut le cas en 1940 contrairement à 1944. Les trois divisions d’infanterie américaines n’ont pas les mêmes ordres que les Chasseurs ardennais ou les unités françaises de cavalerie. Les Allemands mettent deux jours avant de venir à bout de la première ligne, et encore pas partout : ni sur le flanc nord, ni au centre, ni sur le flanc sud. Réussir à passer par le trou de souris de la vallée de l’Amblève et de celui de la vallée de l’Ourthe est une gageure qui s’avère rapidement impossible.
Là aussi, pour comparer les deux batailles des Ardennes de la Seconde Guerre mondiale, il faut se référer à Hugues WENKIN auteur d’un dossier passionnant dans Batailles & Blindés n°45.
Décidément, le renouveau historiographique de cette bataille semble bien passer par la Wallonie et les Ardennes…