Trucks & Tanks Magazine n°79 (Caraktère, 2020)

Vaste, varié, approfondi, voilà un numéro de Trucks & Tanks Magazine très appréciable. Avec pour commencer un article duel entre les très connus T-34/85 et Panzer VI Ausf. E Tiger. Certes, mais particulièrement intéressant pour ne pas dire plus. Le développement du second n’est pas initié par la découverte du T-34, même si ce dernier l’a accéléré, mais plutôt par la confrontation avec les Infantry Tanks britanniques en mai et juin 1940 alors que viennent de débarquer les premiers éléments de l’Afrika-Korps en Afrique du Nord.

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Au-delà de la comparaison classique protection, mobilité, puissance de feu, l’auteur Laurent TIRONE entre dans tout un tas de détails qui au final font la différence sur le champ de bataille : composition du blindage et méthodes d’assemblage, instruments de visée, types de munitions, dispersion du tir, ergonomie, vitesse de rotation de la tourelle… Bref, la performance au combat d’un char ne se résume pas à la puissance de son moteur, à l’épaisseur de son blindage ou au calibre de son canon…

C’est également ce qui transpire des article sur le Somua S35 et le Char B1 Bis qui apportent indirectement une contribution aux faiblesses de l’armée française par rapport à son adversaire d’outre-Rhin. La courbe d’apprentissage et d’expérience est en effet bien plus rapide et efficace que côté français. En quelques années, les Allemands sont capables de jeter les bases de chars modernes et bien conçus. L’évolutivité des Panzer III et Panzer IV le démontre. Les leçons acquises avec les prototypes secrets et l’étude des chars russes à Kazan durant l’Entre-deux-guerres, l’expérience de la guerre d’Espagne et l’utilisation des Panzer I et Panzer II sont bien plus vites intégrées d’un point de vue système d’arme, tant pour les aspects de maintenabilité et logistique, de conception ergonomique et fonctionnelle, de communication. Les évolutions prévues sur avec le Somua S40 et le B1 Ter vont dans la bonne direction d’un point de vue protection, puissance de feu et mobilité, mais le montre le comparatif entre le T-34/85 et le Panzer VI Ausf. E ces données brutes ne sont pas suffisantes pour rafler la mise sur le champ de bataille (sans parler de la doctrine d’emploi). Pour compléter ce dossier France 1940 à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire, un article se concentre sur le canon antichar de 25 mm avec les caractéristiques techniques des différents modèle et une superbe photographie à ne pas rater d’un SdKfz 7 tractant pas moins de huit canons attelés les uns au autres qui complète plusieurs clichés très majoritairement d’origine française.

Si les débats franco-français entre la cavalerie et l’infanterie au sujet des chars et des grandes unités blindées sont désormais bien connues, ils sont loin d’être isolés. GUDERIAN et von MANSTEIN en parlent en effet dans leurs souvenirs. Mais la transcription d’un rapport de fin 1943 montre les tensions et les rivalités qui règnent encore au sein des états-majors allemands. Sur le fond, ce type de documents est particulièrement intéressant. Sur la forme, il mérite d’être accompagné par des notes et commentaires qu’une simple introduction de quelques lignes. Sa carrière et ses expériences (dans l’artillerie bien sûr mais aussi à la tête de la 132. Infanterie-Division en Crimée) expliquent son point de vue et son argumentaire. La personnalité de l’auteur elle-même peut être soulignée, sachant qu’il participe au complot qui mène à l’attentat du 20 juillet 1944 et meurt des blessures qu’il reçoit lors de son arrestation.

Ce numéro comporte également la troisième partie de l’étude concernant les matériels de déminage de la Seconde Guerre mondiale avec les différentes solutions de “mécanisation” de cette tâche laborieuse par les Allemands au travers d’un certains nombre d’engins spécialisés et de solutions techniques telles que les très originaux tapis explosifs. Passionnant. Espérons que l’enjeu des mines dans les conflits contemporains et la lutte contre les IED bénéficient un jour d’une étude de même qualité !

Enfin, le développement du Medium Tank M4 Sherman ne s’achève pas avec la fin de la Seconde Guerre mondiale. En témoigne l’étonnant article sur les chars revalorisés et réactivés dans les années… 1970.

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