Choquée par la brutalité de sa défaite en 1940, la France considère que le résultat ne peut être différent. Plombés par le jugement qu’en fait Vichy puis la fracture française issue de l’opposition entre gaullistes, pétainistes et communistes, les combats menés à l’Ouest en 1940 ne condamnent pas obligatoirement l’armée française. Cet exercice d’uchronie, aussi théorique soit-il, comprend une fine analyse des six premiers jours de combat et rappelle que chaque décision entraîne un ensemble de réactions, bonnes et/ou mauvaises.
Recension
Un bilan pas si terrible après six jours de combat
Au soir du 15 mai 1940, la situation alliée est peu reluisante. Les Pays-Bas sont déjà hors-jeu, la ligne de défense principale devant être établie en Belgique par la manœuvre Dyle-Breda ne tient déjà plus notamment dans la trouée de Gembloux, les Allemands ont déchiré le front français de la Meuse de Dinant à Sedan. Bref, toutes les options sur lesquelles repose le plan français initial sont caduques. Le risque d’encerclement en cas d’avance allemande vers la Manche ou de percée vers Paris est grand. Et la Belgique commence à se poser la question de la poursuite des combats… Alors, que faire ?
Sans véritable consigne encore générale, les armées française amorcent un repli à la fois sous la pression allemande en Belgique et devant le trou qui se creuse de l’Aisne à Namur. Pourtant, le haut-commandement possède un certain nombre d’atouts dans sa manche, notamment ses divisions cuirassées, ses divisions légères motorisées et ses divisions légères de cavalerie. De quoi manœuvrer et réagir. De même, l’Armée de l’Air est présente et reçoit des renforts de la RAF. D’où l’affirmation de l’auteur, Jacques BELLE, qu’il est possible de rester en Belgique.
Des opportunité existent à condition d’être en mesure de les saisir
Ce postulat quelque peu provocateur a plusieurs mérites. Le premier, notamment dans son appréciation des six premiers jours de campagne, de ne pas cantonner la défaite française à seulement Sedan. Le second, de préciser que le potentiel militaire français reste globalement préservé, à l’exception notable de la 1ère Division Cuirassée qui vient d’exploser à Flavion, le Corps de Cavalerie quelque peu égratigné par les combats de Gembloux et la 3ème Division Cuirassée engluée dans les combats de Stonne. Le troisième de souligner le manque de cohérence des décisions françaises compte tenu de la segmentation des responsabilités et la faiblesse de caractère de Maurice GAMELIN. Contrairement aux affirmations désormais célèbres des acteurs de l’époque, la guerre est encore loin d’être perdue. En cela, l’impact de Sedan est bien plus grave psychologiquement parlant que d’un point de vue militaire par son impact sur l’ensemble de la chaîne de commandement politico-militaire française.
La logique du raisonnement bute cependant sur les plans allemands. Des décennies plus, tard, les intentions germaniques sont évidentes. Mais mi-mai 1940, le haut-commandement allemand reste en pleine expectative.
Dans l’esprit de l’auteur, la défaite est avant tout militaire et la défaite n’est pas inévitable. En effet, les décisions de commandement dès lors que les combats débutent sont systématiquement erronées aux moments critiques. Dès le 10 mai 1940, des opportunités existent pour gripper la machine allemande. Elles ne sont pas saisie. Le potentiel français ne s’effondre véritablement que lors de la seconde semaine des combats. Et il est vrai que le repli n’incite pas les Belges à vouloir continuer de combattre…
Une approche globale des opérations à l’Ouest
Ce livre apporte donc une approche alternative de la bataille de France et élargit le champ des possibilités qui s’offrent aux Alliés de contrarier Fall Gelb. En ça, l’exercice est passionnant. Enfin, il permet une vision réellement opérationnelle et stratégique de la bataille, ce qui manque malheureusement trop souvent dans l’approche de ces événements. La description des six premiers jours de combat sur terre et dans les airs est passionnante et bien plus complète que dans des écrits qui ne se focalisent que trop sur Sedan. C’est la percée de la 6. Panzer-Division qui rompt le front français et entraine la crise de confiance alliée.
Sommaire
- Préface
- Avertissement
- Avant-propos
- Introduction
- La genèse et l’évolution du plan Dyle
- La guerre des six jours en Belgique et en Hollande
- La rupture sur la Meuse
- Les forces aériennes sur le théâtre du nord-est
- La bataille aérienne des six jours
- Bilan de six jours de bataille aérienne
- La situation au soir du sixème jour
- La fin du plan Dyle
- La manoeuvre du septième jour
- Les conditions de la manoeuvre
- L’autre bataille
- La poursuite de la guerre : tenir
- La poursuite de la guerre : durer
- Perspectives pour la guerre
- Bilan et conclusion
- Annexes