Mook 1944 n°3 (Weyrich, 2019)

Actualité oblige, ce numéro de Mook 1944 revient avec bonheur sur la contre-offensive allemande des Ardennes après un n°1 consacré à la bévue allemande et plus particulièrement de la 130. Panzer-Lehr-Division qui fait rater la prise de Bastogne alors que la ville est peu défendue.

Il faut dire que sur les Ardennes comme sur bien d’autres combats majeurs de la Seconde Guerre mondiale, l’historiographie a fait beaucoup de progrès ces dernières années en s’extrayant peu à peu des historiques et des mémoires officiels par nature un peu biaisés, puis en les recoupant avec les archives d’origine, les témoignages écrits ou visuels (photos, films d’actualité) grâce à des chercheurs passionnés et des auteurs de grande qualité. Nous en avons encore un bel exemple ici.

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En effet, la bataille des Ardennes est celle de tous les paradoxes :

  • Alors, que la stratégie a été le point faible récurrent du III. Reich en URSS, le principe d’une succession d’opérations à l’Ouest pour tenter de renverser le cours de la guerre est plutôt bien vu
  • Si les victoires de 1940 et la résilience de l’armée allemande en URSS se sont construites sur la maîtrise technique des échelons inférieurs de commandement allemands, la conduite des unités d’infanterie et blindées est une véritable calamité dans les Ardennes – la faute à l’usure des chefs expérimentés (parmi lesquels PEIPER, BAYERLEIN, von MANTEUFFEL…), au manque de formation et d’entraînement des nouvelles recrues qui ne maîtrisent ni les armes et matériels qui leur ont été confiés, ni les tactiques de base, ni la coopération interarmes
  • La réussite de la contre-offensive repose en théorie sur une avance rapide des unités blindées allemandes mais ses chances de succès sont hypothéquées dès les premières heures par la faillite de l’infanterie le 16 décembre 1944 qui échoue à atteindre presque tous ses objectifs du jour et est incapable d’ouvrir la voie aux Panzer
  • Les unités blindées allemandes sont également bien à la peine dès lors que les seules chances de succès reposent sur leur capacité à pousser (et non plus percer) vers la Meuse et à battre l’adversaire en campagne
  • Les blindés américains se révèlent finalement bien plus adaptés aux Ardennes que leurs adversaires germaniques conçus pour le Front de l’Est, bis repetita après la Normandie

Pour illustrer cette vision rafraîchie des événements, Mook 1944 revient sur quelques faits marquants, mais pas forcément les plus connus : l’échec de la 116. Panzer-Division à Hotton face à la 3rd US Armored Division, les errements de la 1. SS-Panzer-Division qui doit pourtant être le fer de lance de la 6. SS-Panzer-Armee (avec une évaluation de la Kampfgruppe Knittel qui partage le fardeau de l’échec avec la Kampfgruppe Peiper) et la percée de la 4th US Armored Division vers Bastogne face à la 26. Volksgrenadier-Division.

Deux articles sont également essentiels pour prendre du recul et comprendre la bataille dans son ensemble. Le premier est en fait l’interview du colonel Gilles HABEREY qui démystifie un certain nombre d’images d’Epinal et revient sur l’intérêt de l’histoire militaire. Le second revient sur les qualités attribuées aux chars allemands et aux défauts qui collent au Sherman pour les comparer avec les réalité… Passionnant.

Si la victoire est assurément celle des Alliés et plus particulièrement celle de l’armée américaine, il ne faut cependant pas oublier l’échec de l’automne (voir Mook 1944 hors-série n°1 ) qui cumulé avec la bataille des Ardennes retarde l’avance alliée au grand bonheur de l’URSS.

A ces études qui structurent le numéro, il faut y ajouter les nombreuses petites pépites qui les accompagnent. Assurément un ouvrage à lire et à relire car tout ne se découvre pas du premier coup !

Sommaire :

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