Sous uniforme allemand (Nimrod, 2018)

Bénéficiant d’un travail éditorial exemplaire, ce témoignage d’un ancien de la LVF apporte une pierre indispensable à la compréhension de ce qui pousse des Français à s’engager aux côté de l’armée allemande pour combattre le bolchevisme. C’est également une plongée dans le quotidien de la Seconde Guerre mondiale, que ce soit en France libre, en France occupée et au cœur des combats.

Travail éditorial exemplaire. En effet, les éditions Nimrod mettent parfaitement en valeur le parcours de cette famille dans la première moitié du XXème siècle. presque typique de cette période sauf qu’un père et ses deux fils partent finalement combattre dans les rangs allemands en URSS. Le témoignage principal est en effet complété d’une narration du parcours du père au cours de la Première Guerre mondiale (avec de passionnants détails sur le quotidien des tranchées) et contre les “Rouges” avec l’armée d’Orient en 1919. De quoi rappeler que la Première Guerre mondiale ne s’arrête pas exactement le 11 novembre 1918 et que la France s’engage militairement, même si timidement, pour contrer la Révolution bolchevique en Russie. Toujours à travers le parcours du père, l’ouvrage procure aussi quelques détails sur les combats de 1940 qui se terminent à Calais. La fin du livre comprend un aperçu des péripéties judiciaires qui attendent les volontaires de retour en France. Les annexes sont aussi réellement utiles et complètent bien le corps du texte. A noter une liste de courtes biographies sur des Français croisés au fil des pages qui regorgent de détails montrant également la complexité de l’époque et surtout des destins individuels tragiques.

Le témoignage lui-même est des plus intéressants. Il apprend sur les choix qui s’offrent à la jeunesse de l’époque : s’engager aux combat d’un côté ou de l’autre permet au moins de se rendre utile et d’éviter de se retrouver dans une lutte fratricide entre Français. De nombreuses descriptions et anecdotes en apprennent beaucoup sur le quotidien sous l’Occupation. Les pages concernant l’entrainement, le transport, les permissions et la lutte contre les partisans se lisent avec facilité et avidité. Drôle de guerre que cette chasse dans les forêts où se croisent civils, Hiwis, partisans et soldats de tous horizons. La période qui couvre les derniers mois de la guerre et les semaines qui suivent immédiatement la fin des combats est toute aussi passionnante. L’aspect vivant du texte, souvent tragique et parfois cocasse rappelle les livres de Jean MABIRE avec cependant davantage de retenue.

Un cahier photos est inclus au milieu du livre. Les clichés sont pour certains originaux et une double page comprend un aperçu des affiches de propagande de l’époque (dommage qu’elles ne soient pas reproduites en couleurs).

Ce livre est donc à mettre sur le même rayon que les grands témoignages de cette époque. Indispensable pour comprendre loin des jugements a posteriori de ceux qui n’ont pas vécu l’époque… qui se révèle bien plus complexe et moins manichéenne qu’il n’y parait. Un complément idéal au témoignage d’un ancien officier français paru dans Pour la France, Pour l’Europe.

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