First to Fight, The Polish War 1939 (The Bodley Head, 2019)

Bodley Head 2019 MOORHOUSE Roger First to FightL’invasion de la Pologne en septembre 1939 marque le commencement de la Seconde Guerre mondiale en Europe… Evénement majeur donc, mais finalement si peu connu.

Avec un titre qui claque (« premiers à combattre »), Roger MOORHOUSE propose une lecture renouvelée, globale de cette invasion qui aboutit au dépeçage de la Pologne et entraîne la Grande-Bretagne puis la France dans la guerre contre l’Allemagne. 

Si ce regard est si important, c’est que « First To Fight » apporte une rupture dans l’historiographie de cette période en ne se limitant pas à une seule lecture des opérations militaires. Quel contraste par exemple avec l’album historique paru aux Editions Heimdal en 1999 ! Celui-ci est alors très représentatif de la lecture de la campagne de Pologne telle qu’elle est parvenue jusqu’à présent : une invasion comme une autre, une première démonstration de force de ce qui sera appelé plus tard « Blitzkrieg ».

Il faut dire que chacun des protagonistes a eu intérêt à oublier cette invasion de la Pologne et le rôle qu’il a activement ou passivement joué.

L’Allemagne tout d’abord. C’est bien entendu elle qui prend l’initiative de l’attaque. Au-delà des opérations militaires, parfois poussives, elle n’a aucun intérêt à rappeler sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre mais surtout l’aspect systématique des meurtres et des massacres. Ce qui se passe en Pologne démontre clairement que le bombardement des civils, les crimes de guerre et les massacres ne sont pas l’apanage de quelques nazis seulement, mais bien de l’armée ordinaire. Dès la campagne de Pologne, le mythe d’une Wehrmacht propre vole en éclat. Les faits relatés et les chiffres donnés dans le livre sont édifiants.

Le pacte germano-soviétique est un blanc-seing donné à Adolf HITLER avec beaucoup d’arrière pensé. STALINE compte bien en profiter pour faire main basse sur les provinces orientales de la Pologne. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si après la guerre, l’URSS annexe définitivement les contrées promises par l’accord signé avec le III. Reich. La victoire de 1945 passant par là, les Polonais reçoivent en compensation des territoires pris aux Allemands. L’URSS montre aussi sont vrai visage car elle aussi n’hésite pas à massacrer et à supprimer ceux qui dérangent ses ambitions, le massacre de Katyn étant l’une des sinistres preuves. La responsabilité de l’URSS est toute aussi active que celle du III. Reich. Elle paiera ensuite le prix de cette compromission. Mais les communistes de tous les pays ont tout intérêt à faire oublier cet aspect.

L’histoire est aussi gênante pour Britanniques et Français. Leur responsabilité dans ce drame polonais est certes passive mais bien réelle. Le soutien à l’allié polonais est une véritable hypocrisie. Les promesses d’intervention militaire, sont de purs mensonges que les Polonais ont la faiblesse de croire. La France en est sèchement punie quelques mois plus tard. La Grande-Bretagne est sauvée de justesse par les Américains et l’invasion de l’URSS. Dans tous les cas, ces deux nations finissent la Seconde Guerre mondiale totalement exsangues et peuvent tirer un trait sur leurs ambitions mondiales. Leur attitude en septembre 1939 est une faute morale, mais aussi stratégique. L’opportunité de frapper le III. Reich alors que ses frontières occidentales sont dégarnies et la Pologne bouge encore est passée…

L’armée polonaise ressort plutôt grandie du livre. Même si elle est dépassée, elle n’est pas complètement arriérée non plus comme tend à le faire croire la propagande nazie. La victoire allemande n’est pas si facile que cela (en comparaison, celle à l’Ouest est beaucoup plus brillante). L’esprit de résistance et de sacrifice des Polonais est bien présent. Plus fort même que celui qui est opposé à l’armée allemande en mai et juin 1940. L’armée allemande sait cependant vite apprendre. Les leçons sont vite et bien tirées alors que Français et Britanniques restent l’arme au pied et figés d’un point de vue doctrinal (voir la très bonne analyse dans 10-11 mai 1940, une défaite annoncée).

Le livre est donc passionnant et éclaire d’un jour nouveau de ce premier combat de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Sa vision est autant polonaise, allemande, britannique, française et soviétique par les témoignages qu’il intègre.

Le texte est complété de deux encarts photos, de cartes et de quelques annexes dont l’ordre de bataille des forces armées polonaises, allemandes et soviétiques impliquées dans les combats de 1939. Comme tout bon livre académique, les notes sont nombreuses et les sources sont largement exposées.

Attention, pour les lecteurs non anglophones, un bonne aisance dans la lecture de l’Anglais est cependant indispensable.

Sommaire :

  • Author’s Note
  • Maps
  • Preface
  • Prologue: An Unremarkable Man
  • « Westerplatte Fights On »
  • The Tyranny of Geography
  • A Frightful Futility
  • The Temerity to Resist
  • Poland Is Not Yet Lost
  • Of « Liberators » and Absent Friends
  • Into the Arms of Death
  • Impenitent Thieves
  • To End on a Battlefield
  • Conclusion
  • Appendices: Orders of Battle
  • Notes
  • Selected Bibliography
  • Picture Credits
  • Index

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