Iron Cross n°2 (Warners, 2019)

Iron Cross 002Sur la lancée du numéro 1, voilà le second numéro d’Iron Cross. La recette gagnante est toujours bien présente : articles synthétiques, auteurs renommés, iconographie soignée, sujets accrocheurs et originaux. A dévorer du début à la fin.

Pour la période 1914/1918, trois études retiennent particulièrement l’attention. Le journal de bord d’un aviateur allemand décrit son quotidien avec de belles photos d’origine privée. Associé au sujet, un court article analyse la transcription des couleurs des photos en noir et blanc pour aboutir à de remarquables photos colorisées que complètent ce qui peut s’apparenter à des oeuvres d’art : des profils couleurs d’Albatros de la Jasta 1 aux teintes particulièrement vives et relevées. Tout comme les profils couleurs de chars allemands dans un autre article, ce sont de réelles peintures et non des créations numériques. Les traits sont peu être une moins droits et nets, mais le rendu a bien plus de profondeur. Egalement, un article sur le pilote allemand Otto KISSENBERTH – une découverte à titre personnel.

Étonnant aussi le texte sur les épaves du premier conflit mondial qu’accompagnent quelques cartes indiquant les emplacements des navires coulés au large du Danemark lors de la bataille du Jutland, dans la Manche entre le Cap Gris-Nez et les falaises de Douvres, et au sud de l’Angleterre.

La Seconde Guerre mondiale est également bien représentée avec quelques morceaux de choix et variés. L’article sur le combat urbain s’ouvre sur la prise de l’usine Octobre Rouge par la 79. Infanterie-Division (de quoi donner envie de jouer à ASL Red Factories)… pour rappeler immédiatement que Stalingrad n’est pas le premier affrontement urbain du conflit pour les Allemands. Varsovie en septembre 1939 inaugure une longue liste qui se termine à Berlin en passant par Brest-Litovsk, Brest, Breslau, etc. Il faudrait cependant faire davantage la différence entre villages / villes moyennes et grandes agglomérations urbanisées et industrialisées qui ne peuvent être placées sur le même plan. Il est en effet difficile de comparer Kholm à Stalingrad, Königsberg ou Budapest. Roman TÖPPEL revient aussi sur la bataille de Dubno en ouverture de l’opération Barbarossa, en donnant sa réelle dimension. Ce n’est pas un combat dans un lieu précis, mais plutôt dans le large espace que représente le triangle Lutsk, Brody et Rovno. En fin connaisseur de la bataille de Koursk, l’auteur montre à la fois l’ampleur de celle dite de Dubno mais également les limites d’une comparaison qui serait trop simpliste avec les autres batailles de blindés du conflit. En tout cas, cet affrontement est significatif de la maîtrise tactique allemande et des carences soviétiques aux premiers jours de la guerre germano-soviétique. Deux ans plus tard, la balance est bien plus équilibrée. A Koursk, même si le ratio des pertes penche indéniablement en faveur des Allemands (cf. Koursk 1943), il n’est plus suffisant pour vaincre l’Armée Rouge. En fait, dès lors que la guerre à l’Est est amenée à se poursuivre au-delà de l’été 1941, l’armée allemande est condamnée à perdre progressivement son avantage et donc le conflit.

Aiguisant également la curiosité, l’article sur la « loterie » de l’attribution de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer insiste sur le côté subjectif des proposition retenues et le délai (suspicieux) qui peut courir entre les faits déclenchant l’attribution et la remise effective de la prestigieuse décoration. En outre, le processus de désignation diffère entre l’armée et la Waffen-SS. En tout cas, la conclusion est claire : le nombre de porteurs par unité ne peut à lui seul représenter la qualité au feu de celle-ci – bien trop de facteurs subjectifs entrent en compte.

Il ne faut pas rater non plus l’article sur les origines du complot du 20 juillet 1944 contre Adolf HITLER. S’opposer finalement à ce dernier ne signifie pas vouloir la défaite de l’Allemagne. Les comploteurs sont patriotes et sont représentatifs de leur temps avec les travers que cela peut comporter à nos yeux contemporains. La relation entre militaires et nazisme n’est pas binaire. La thèse d’une Wehrmacht propre construite après-guerre par la conjugaison des intérêts des vaincus et des vainqueurs face à l’URSS appartient désormais au passé. Mais comprendre comment autant de personnes en Europe se sont finalement accommodées de la politique raciale et antisémite du III. Reich reste difficile à comprendre… ou plutôt à accepter car il s’agit de nos anciens. C’est oublier un peu vite que des conceptions qui nous paraissent normales aujourd’hui seront probablement perçues bien différemment dans quelques décennies.

L’immédiat après-guerre est aussi intéressant comme le montre le devenir des reliques de la Luftwaffe. Un nombre immense d’avions en plus ou moins bon état tombent dans les mains des vainqueurs. Près de deux ans sont nécessaires pour s’en débarrasser… Cette initiative pour rappeler que la gestion des morts, des prisonniers, des matériels, des munitions, des civils et les opérations de reconstruction (habitat, énergie, industrie) a toute sa place dans la littérature consacrée à cette période mais reste malheureusement bien peu abordée.

Les autres articles plus courts (une, deux ou quatre pages) sont également fort intéressants, à l’image de celui sur les plaques d’identité allemandes de la Première Guerre mondiale ou le journal d’un combattant allemand des tranchées.

Plonger dans l’univers de l’armée allemande de 1914 à 1945, équivaut à s’immerger dans un demi-siècle d’Histoire européenne. L’Allemagne par sa position géographique en est le cœur. C’était il y a moins d’un siècle, mais cela parait quand même une éternité…

Sommaire :

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www.3945km.com – Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, un siècle d’histoire militaire planétaire !

 

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