Countdown to D-Day, The German High Command in Occupied France, 1944 (Casemate, 2019)

Tout simplement grandiose et indispensable ! Et oui, soixante-quinze ans après les faits, il est encore possible de publier un ouvrage novateur sur le Débarquement. Et pourtant, pas de révélation, pas d’annonce sensationnelle… Mais une compilation d’une multitude de détails sur les états-majors allemands à l’Ouest dans les six mois qui précèdent le 6 juin 1944.

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Recension

En effet, son auteur Peter MARGARITIS réunit jour par jour les activités du haut commandement, essentiellement de la Heeresgruppe B et de l’OB West en se basant sur les écrits des protagonistes (SPEIDEL, RUGE, ROMMEL, etc.) et les interviews réalisés après-guerre. Celles réalisées par Cornelius RYAN pour son fameux Jour le plus long représentent une véritable mine d’or qui n’a pas été totalement exploitée pour le best-seller.

Les entrées journalières donnent du rythme (un peu comme l’ouvrage beaucoup plus grand public sur le Jour-J heure par heure).

Au-delà des événements, des décisions et des activités, ce livre est une plongée dans les arcanes des “top” décideurs. Luttes d’influence, egos, concurrence, rivalités, état d’esprit… Bref tout ce qui met en émoi le monde de ceux qui ont le pouvoir (militaire, politique et économique). En plus de l’aspect historique, le livre permet donc de comprendre, de vivre même, cet aspect des relations humaines inhérent à toute organisation, à tout projet.

Erwin ROMMEL est bien entendu le personnage central de l’ouvrage. Son style de commandement (ou de management) diffère totalement de celui de Gerd von RUNDSTEDT. Son agitation permanente bouscule les lignes établies jusqu’à son arrivée. Il bénéficie d’un état-major soudé et pragmatique qui met de l’ordre derrière le “bulldozer” qui fonce. Il “tient la maison”. Cependant, le chef parait parfois fatigué, las, déprimé. En tout cas, son activisme est très éloigné de toute velléité de favoriser le débarquement allié. A se demander où pourrait donc bien se cacher le “complot pour la paix” (cf. 39/45 Magazine n°355)…

L’ouvrage se termine le 6 juin 1944. Devant l’opération alliée, le manque de cohésion et de sérénité du commandement allemand apparaît clairement. La tension est palpable alors que l’heure réclame des choix qui soient suivis dans la durée. Les choix ne sont peut être pas les meilleurs, mais ils ne sont surtout pas cohérents les uns avec les autres. Ils sont aussi particulièrement volatiles. L’absence de renseignement ou le brouillard de la guerre n’expliquent pas tout. La défaite allemande est avant tout de la responsabilité de ses chefs opérationnels et de son Führer. Celui-ci, non pour ne pas avoir donné les moyens, mais pour avoir favorisé et maintenu la confusion dans le fonctionnement de son équipe (voir les très bonnes études de Benoît RONDEAU sur le haut commandement allemand dans  2e Guerre Mondiale n°83 et l’efficience des commandements alliés et allemands dans  2e Guerre Mondiale thématique n°45). Complément indispensable également au livre Invasion ! du même Benoît RONDEAU.

Quelques pages de photos sont insérées dans l’ouvrage. Elles sont essentiellement composées de portraits. Juste pour rappeler que les décisions (ou les non décisions) sont le fait de personnes. Et non de l’organisation générique à laquelle elles appartiennent. Là aussi, comme dans les entreprises ou les gouvernements, derrière des noms de structures et d’entités se cachent des hommes avec leurs qualités et leurs défauts…

A dévorer, à condition de lire l’Anglais ! Indispensable à une bibliothèque sur le sujet…

Sommaire

  • Foreword
  • Prelude: 1943
  • Der Atlantikwall (December 1944, January 1944, February 1944, March 1944)
  • Les Sanglots Longs (Spring, April 1944, May 1944, June 1944)
  • Epilogue
  • Glossary
  • Appendices
  • Notes
  • Bibliography

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