Normandie 1944 Magazine n°31 (Heimdal, 2019)

75ème anniversaire du Débarquement oblige, ce numéro voit sa pagination renforcée et son sommaire musclé pour proposer davantage de contenu. Il est complémentaire dans son principe avec 39/45 Magazine n°355. Les deux fournissent un panel d’articles diversifiés sur le Jour-J et les premiers jours du Débarquement.

La dimension maritime est très présente avec une série de trois articles portant sur les sous-marins de poche alliés en observation au large des futures plages de débarquement, l’engagement du HMS Belfast (exemple illustratif du rôle des “gros” navires) et le rôle dévolu aux vedettes rapides de la Kriegsmarine avec un focus particulier sur les S-Boote venant de Cherbourg, Boulogne-sur-Mer et Ostende pour affronter l’armada alliée (voir à ce propos Les bases de sous-marins et de vedettes du Mur de l’Atlantique) . Sans parler de la courte présentation du scaphandrier britannique du Musée d’Arromanches…

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La dimension aérienne est aussi là avec un article présentant l’immensité des appareils mobilisés et leur rôle mais s’interrogeant toutefois sur la réelle utilité d’une telle débauche de moyens le 6 juin 1944. La conclusion soulève également les différences de doctrine dans l’emploi des bombardiers à l’avant des unités terrestres en fonction des commandants alliés.

Viennent ensuite une série d’articles sur quelques unités ou personnages (connus et inconnus) du Jour-J. Côté allemand, le numéro revient sur deux morts au combat de la 91. Infanterie-Division le Jour-J : son commandant, Wilhelm FALLEY, et un jeune vétéran du Front de l’Est. L’histoire de ce dernier est l’occasion de se rendre compte du quotidien des familles exposées à la guerre et à ses conséquences.

Parmi les articles consacrés aux Britanniques, le plus intéressant est celui consacré à la prise de Port-en-Bessin par le 47th Royal Marine Commando à partir de Gold Beach. Si l’objectif est atteint, les pertes sont lourdes et la situation est plus d’une fois tangente. Les Alliés n’ont pas rencontrés des difficultés qu’à Omaha Beach et mine de rien, le Mur de l’Atlantique, bien que rapidement percé, a provoqué des pertes et fait perdre quelques heures qui, côté allemand, ne sont pas correctement mises à profit par les réserves immédiates en arrière du front de mer et celles envoyées dans les tous premiers jours de la bataille de Normandie pour repousser les Alliés (voir Alarm ! et Invasion !).

En guise de teasing commercial, Frédéric DEPRUN propose un article sur la 2. Panzer-Division face à la Guards Armoured Division à Saint-Martin-des-Besaces. La patte de l’auteur est facilement identifiable tant dans l’iconographie (voir Rauray-Fontenay, autopsie d’une bataille – issu de 39/45 Magazine hors-série Normandie 194415 et 16 – ou ses autres articles publiés dans Normandie 1944) que dans les détails du texte. Les deux tomes de l’historique de la 2. Panzer-Division en Normandie sont annoncés pour l’été 2019. C’est aussi l’occasion de rappeler l’existence des tomes 1 et 2 de La percée du bocage relatant l’opération Bluecoat avec un luxe de détails.

Enfin, Georges BERNAGE propose une recension du livre Alarm ! de Benoît RONDEAU. Il est toujours facile de souligner quelques erreurs ou approximations (les Editions Heimdal ne sont pas non plus irréprochables quand on lit et relit attentivement certains livres ou articles). Le positionnement marketing des deux maisons d’édition est pourtant bien différent. Les Editions Ouest-France s’adressent à un public large dont le fil directeur est le tourisme et le régionalisme. Les Editions Heimdal visent davantage un lectorat plus averti dont le moteur est la passion de l’Histoire (ces derniers connaissent parfaitement la valeur et les apports de leurs publications). Dans un monde où le livre doit trouver de nouveaux relais face à la numérisation, les deux approches auraient davantage intérêt à s’appuyer l’une sur l’autre plutôt qu’à se critiquer.

Revient à nouveau (de façon insistante) l’existence d’un soit-disant “complot pour la paix” qui théorise la volonté délibérée de certains officiers généraux allemands de favoriser la réussite du Débarquement allié (cf. 39/45 Magazine n°355) et justifie la lenteur de la réaction allemande le 6 juin 1944. Faudrait-il en conclure que la lenteur de la réaction française le 10 mai 1940 soit elle aussi une volonté délibérée de certains généraux français de favoriser une victoire allemande (cf. 10-11 mai 1940, une défaite annoncée) ? Bien sûr que non. Par contre, il est évident que les membres du complot qui aboutit à l’attentat du 20 juillet 1944 ont utilisé une partie de leur temps, de leur énergie et des ressources mises à disposition pour leur projet. Mais surtout, la complexité de la chaîne de commandement allemande conjuguée à l’hyper centralisation des décisions majeures au niveau d’Adolf HITLER ne favorisent pas l’agilité, la flexibilité et la réactivité. Des défauts rédhibitoires quand ils s’ajoutent à une myopie prononcée en terme de renseignement tandis que le camp d’en face lit à livre ouvert dans les ordres et les mouvements allemands grâce aux interceptions d’ULTRA et à sa couverture aérienne du champ de bataille.

Sommaire :

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