2e Guerre Mondiale n°80 (Mars & Clio, 2018)

Tout d’abord, il faut apprécier la rubrique des actualités et des recensions. Celles-ci concernent à la fois des ouvrages classiques et quelques pépites peu connues et à découvrir. Loin d’être des reprises de présentations promotionnelles, mais de réelles critiques originales, elles sont d’autant plus appréciables ! A noter le bon accueil fait à la Wehrmacht de Fall Gelb, au quatrième tome du Mémorial de la bataille de France ou des Témoins d’acier de la bataille des Ardennes (tomes 1 et 2). A découvrir, la bande dessinée d’un Français dans la tourmente.

Les combats de la Résistance française sont encore mal connus malgré quelques héros magnifiés, l’image des renseignements fournis aux Alliés en prévision du Débarquement ou encore la Libération de Paris. L’article sur le rôle du SOE britannique auprès des Français est donc passionnant d’autant qu’il est très bien illustré. Les copies de rapports d’époque sont très instructifs sur les termes employés du moment et les éléments rapportés. Ils méritent le détour et sont facilement accessibles au public francophone puisque rédigés en Français…

Original également l’article sur le rôle de la 7. Armee dans les Ardennes. Il s’agit de l’armée allemande la moins connue mais aussi la moins puissante. Généralement, les 6. SS-Panzer-Armee et 5. Panzer-Armee sont assez bien étudiées car elles sont à la pointe de l’offensive. La 7. Armee reste davantage dans l’ombre car elle n’a pas pu réellement mettre en action ce pourquoi elle était prévue : la couverture de la base du saillant allemand dès que la Meuse est franchie (elle ne le sera jamais). Ses retards et ses échecs ne sont donc pas rédhibitoires, l’offensive étant finalement un échec. Les combats de Bastogne la mettent quelque peu en avant puisqu’elle est chargée de tenir l’encerclement et prend de plein fouet le choc de la 3rd US Army. Mais sa situation éclaire la pauvreté de l’armée allemande en cette fin 1944 malgré le tour de force que représente le fait d’avoir réussi à reconstituer une telle masse de manœuvre dans un contexte stratégique si défavorable. Il est clair que l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel n’a qu’une chance infime de réussir mais qu’elle est également la seule alternative possible pour tenter de reprendre l’initiative plutôt que d’attendre passivement l’assaut final.

Le dossier principal du numéro est intitulé “échec à la Blitzkrieg” et analyse en trois articles la doctrine allemande et les mesures adoptées côté soviétique d’une part et coté américain d’autre part. Comme de coutume avec 2e Guerre Mondiale, les textes amènent les lecteurs à prendre de la hauteur et à comprendre les enchaînements des événements. Le premier article insiste sur le rôle moteur de Heinz GUDERIAN tout en rappelant les origines de la révolution aux affaires militaires qu’impulse Hans von SEEKT, le père de la Reichswehr et, de fait, le brillant initiateur de la transformation de l’armée allemande du Kaiser en une formidable machine de guerre moderne. La victoire sur la Pologne montre cependant déjà certaines faiblesses. Elles sont en partie rapidement corrigées ou compensées pour l’offensive de mai 1940. Si GUDERIAN n’a pas été le seul père de l’arme blindée allemande comme il aime à le valoriser dans ses mémoires (cf. Batailles & Blindés n°87), il apporte néanmoins son expérience dans les transmissions et son ambition. En Pologne, l’atout principal des Allemands est surtout la disposition idéale de leurs bases de départ qui permettent d’attaquer de plusieurs côtés à la fois. La brillante victoire à l’Ouest en mai et juin 1940 est liée à une doctrine et à un plan stratégique parfaitement adaptés aux matériels et à l’expérience des troupes engagées (cf. La Wehrmacht de Fall Gelb). Leurs adversaires ont aussi une responsabilité colossale dans ce qui leur arrive (cf. notamment La déroute française de 1940, la faute aux Belges ? et Sedan, l’école de la guerre). Les Allemands ne pouvaient malheureusement espérer adversaires plus favorables…

Les premières semaines de l’opération Barbarossa semblent ressembler à mai 1940 tant les Soviétiques accumulent les erreurs. Mais l’Armée Rouge parvient à se régénérer en permanence et émousser l’appareil offensif allemand qui doit aussi faire avec des conditions géographiques et météorologiques incompatibles avec ses moyens. Le second article choisit d’illustrer la réaction soviétique avec l’exemple de Koursk. Cela dit, il n’est pas certain que l’opération Zitadelle soit un exemple de Blitzkrieg. C’est plutôt un affrontement du fort au fort. La bataille de Smolensk en 1941 ou la réaction face à l’opération Fall Blau en 1942 sont bien plus significatives dans la façon de mettre en échec la doctrine du Blitzkrieg telle que pratiquée dans la première moitié du conflit. D’ailleurs, la Wehrmacht n’a pas particulièrement démérité lors de l’opération Zitadelle comme le montre les études récentes (cf. Koursk, 1943 et son résumé dans 39/45 Magazine n°351). La force des Soviétiques s’appuie en effet sur un système de défense en profondeur particulièrement étoffé et des réserves opérationnelles pouvant se jeter en masse sur les attaquants (cf. aussi Ligne de Front n°76). Il est clair qu’en 1943, la Wehrmacht se heurte à un adversaire qui bénéficie du nombre pour lui et qui a appris de ses erreurs initiales, en tout cas suffisamment pour ne pas commettre de gros impairs. Sur la même bataille, ce numéro revient également sur les combats aériens et sur les progrès réalisés par l’aviation soviétique.

A l’Ouest, l’armée allemande est vaincue là aussi par un adversaire supérieur en nombre qui domine les airs et qui est doté d’une armée très largement motorisée. L’accent est mis sur des matériels de guerre et non de bataille pour reprendre la très juste formulation de 39/45 Magazine n°352 à propos du M4 Medium Tank Sherman.

Sommaire :

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