En plus des rubriques d’actualités, ce numéro de Trucks & Tanks Magazine nous gratifie de deux beaux articles sur des engins post-1945 et français qui plus est (dans la continuité de l’article sur l’AMX-30 Pluton paru dans Trucks & Tanks n°69). Le premier passe en revue les déclinaisons de l’AMX 13 pour le génie dont un impressionnant poseur de pont et une version dépannage. Le second est dédié au char Leclerc, qualifié de meilleur MBT (Main Battle Tank) de la Guerre Froide dont il est effectivement issu. Les profils couleurs 3D sont toujours très beaux, au même titre que les profils à plat. Le texte raconte la genèse du char, décrit ses évolutions et son futur, les différentes séries en service au sein de l’armée française ainsi que les variantes (dépannage, remorquage spécifique), y compris celles n’ayant finalement pas abouti. Bref, une très bonne synthèse technique et matérielle (les engagements opérationnels ne sont pas traités, ni les versions export) qui permet de s’extraire un peu de la Seconde Guerre mondiale avant d’y replonger à nouveau (et avec toujours grand intérêt).
Comme l’annonce la couverture, la Panzerwaffe est de nouveau à l’honneur. Bon, rien de bien neuf sur le fond, mais une analyse pertinente de l’évolution de l’arme blindée allemande qui se marie très bien avec les Trucks & Tanks n°55, Batailles & Blindés n°83, Batailles & Blindés hors-série n°29, même si le thème peut paraître redondant. Arme conçue initialement comme devant envelopper l’ennemi, l’accent est mis sur la vitesse, ce qui explique finalement que les premiers engins soient relativement faiblement protégés et doté d’une puissance de feu assez modeste. Les exercices de l’Entre-Deux-Guerres, l’Anschluβ (le rattachement de l’Autriche au III. Reich) montrent la nécessité d’accompagner cette force mobile par un train de ravitaillement qui ne fait que se renforcer. L’absence de rationalisation provoque une diversité qui pèse ensuite sur les contraintes de maintenance en condition opérationnelle qui deviennent rédhibitoires en URSS et un manque de rationalisation de l’outil de production qui ne permettra jamais de satisfaire les besoins des armées. L’invasion de la Pologne laisse apparaître la faiblesse antichar des chars allemands qui entraînent la mise en service en urgence des Panzerjäger I et le développement des premiers automoteurs d’artillerie pour muscler les pointes blindées. La campagne de France est sans nul doute l’aboutissement du concept initial de la Panzerwaffe (cf. 1940 – La Wehrmacht de Fall Gelb). L’euphorie de la victoire cache pourtant de vraies lacunes qui éclateront en URSS. Chars pas assez puissants, trop faiblement blindés, trop isolés (le reste de l’armée est à pied ou hippomobile), trop rares : l’opération Barbarossa est un traumatisme pour la Panzerwaffe. Pourtant, des choix pertinents sont ensuite faits en termes de puissance et de protection. Mais ils échouent sur une autre faiblesse intrinsèque du III. Reich : le manque de matières premières et surtout de pétrole. Le course à la puissance est gloutonne en terme de consommation alors que l’Allemagne, malgré ses conquêtes, ne possède pas d’accès à l’or noir, mis à part les puits roumains, et ses voies maritimes sont coupées (cf. Infographie de la Seconde Guerre mondiale). Le tout technologique se heurte à quelques considérations plus terre-à-terre, mais cruciales. Article indispensable pour comprendre les choix et l’enchaînement des conséquences de ces choix. Ce qui en ressort, ce que l’échec du III. Reich n’est pas tellement celui de ses bureaux d’armement, mais celui de son Führer qui entraîne son pays dans un conflit bien au-dessus de ses capacités.
Les articles plus techniques sont toujours d’aussi bonne facture : Mercedes-Benz L4500, Type 4 Ka-Tsu et Cruiser Tank Mk. VIII A27M Cromwell. Classiques, mais toujours solides.
Dans les rubriques génériques, il faut noter le portrait de Gerhard BREHME qui trouve la mort au combat à bord de son Panzer V Ausf. A Panther à Koursk et une très belle actualité du livre (dont une courte mention du roman Dans les ventres d’acier).
Sommaire :
- Laurent TIRONE, Les chars exports, un nouveau venu sur un march international féroce, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Laurent TIRONE, American Armoured Foundation Tank Museum, un devoir de mémoire, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Laurent TIRONE, Les chars exports, un nouveau venu sur un march international féroce, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Marc CHASSILLAN, Le Fortress d’Arquus, un petit VCI pour l’exportation, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Laurent TIRONE, Tank biathlon 2018, encore une victoire russe !, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Actualité du livre
- Laurent TIRONE, Des Panzer et des hommes, Gerhard Brehme, un douteux honneur, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Marc PELISSIER & Laurent TIRONE, Les engins du génie sur base d’AMX 13, les indispensables, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018) : article de six pages étudiant les versions spécialisées pour le génie de l’AMX-13 (AMX-13 Véhicule de Combat du Génie (VCG), AMX-13 de dépannage Modèle 1955, AMX-13 Poseur de ponts) – Photos.
- Laurent TIRONE, Panzerwaffe, un modèle à bout de souffle ?, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Nicolas ANDERBEGANI, Mercedes-Benz L4500, deutsche Qualität, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Laurent TIRONE, Le char Leclerc et ses variantes, le meilleur MBT de la Guerre Froide, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- Xavier TRACOL, Une idée de Ka-Tsu ! Quand les Japonais voulaient rééditer Pearl Harbor avec des blindés, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
- André MATHIAS, Cruiser Tank Mk. VIII A27M Cromwell, in Trucks & Tanks Magazine n°70 (Caraktère, 2018)
Boutique :
www.3945km.com – Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, un siècle d’histoire militaire planétaire !