Autant les historiques sur les unités allemandes prolifèrent, principalement celles qui procure une forte audience littéraire, autant les unités françaises restent encore dans l’ombre, donc méconnues. Les travaux de l’excellent magazine GBM permettent déjà de mieux cerner ce que fut l’armée française de 1940, mais cela reste une publication périodique, tout aussi bon soit-elle…
Mais voilà un véritable album. Un vibrant hommage aux hommes du 1er Bataillon de Chars de Combat (BCC). Près de deux cent pages de texte de photos principalement françaises que complètent seulement quelques clichés pris par les Allemands vainqueurs (et non l’inverse). Sans compter les photos de pelotons, les instantanés du quotidien de ces soldats qui sont pris dans un engrenage historique défavorable qu’ils ne peuvent que subir.
C’est tout d’abord l’historique de la mise sur pied du bataillon et sa filiation avec le 501ème Régiment de Chars de Combat basé à Tours. Basé en Alsace durant la Drôle-de-Guerre, le 1er Bataillon de Chars de Combat (BCC) est épargné par les tous les premiers assauts allemands. Le 21 mai 1940, le bataillon fait partie des unités appelées en renfort pour rétablir le front éventré sur la Meuse à Sedan, mais l’avance allemande est trop rapide. Le temps d’arriver à Noyon au sud de la Somme à la hauteur de Péronne et du Ham, les Allemands ont déjà atteint le mer et la réduction de la poche de Dunkerque n’est plus qu’une question de quelques jours. C’est donc là que l’unité connaît son véritable baptême du feu quand les Allemands déclenchent la seconde phase de leur offensive à l’Ouest, Fall Rot. 5 juin 1940, la 5. Panzer-Division et la 7. Panzer-Division s’élancent de la tête de pont de Péronne tandis que la 62. Infanterie-Division et la 94. Infanterie-Division s’élancent de part et d’autre du Ham. Les Français contre-attaquent immédiatement. Les auteurs relatent dans le détail ces événements avec l’aide de croquis d’époque et de témoignages de vétérans de l’unité. Si l’ennemi est relativement freiné dans les vingt-quatre premières heures, le front français se délite ensuite rapidement, faute de renfort et de profondeur. Les pertes s’accumulent et, plus grave, le contrôle de la situation échappe aux Français. Le bataillon se replie par Compiègne et Senlis, puis sur Meaux, puis l’Yonne, la Loire à Montargis et Gien et enfin au-delà d’Argenton-sur-Creuse. Chars abandonnés, blessés et morts marquent tristement cette longue route vers la défaite et finalement l’Armistice.
Ce livre n’est pas uniquement un récit impersonnel de sections, de chars (en l’occurrence des Renault R35). C’est une histoire d’hommes, personnifiés par leurs portraits, leurs témoignages, leurs citations, leurs décorations, leurs documents voire leurs tombes.
Un travail de passionnés, une recherche historique sans faille… Un ouvrage indispensable aux amateurs et surtout un bien bel hommage à ceux des chars (tricolores) de 1940. Bravo et encore ?
Sommaire :
- Remerciements
- Avant-propos
- Le 501ème RCC dans l’avant-guerre
- Création des BCC et mobilisation
- Effectif théorique d’un bataillon
- Les hommes
- Ordre de bataille du 1er BCC le 1er septembre 1939
- Le char Renault R35
- Le marquage des chars
- Départ pour l’Alsace
- Centre d’instruction des chars des IVème et Vème Armées
- La vraie guerre
- Le 1er BCC change de front
- Les Allemands fondent sur la VIIème Armée
- 5 juin 1940
- 6 juin 1940
- 7 juin 1940
- 8 juin 1940
- Passage de l’Oise
- Combats de Verberie
- Missions de retardement de l’ennemi
- Dissolution du bataillon, démobilisation
- Que sont-ils devenus ?
- Croix de guerre et citations homolguées
- L’esprit de ceux des chars
- Index des personnes citées
- Bibliographie et sources