Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)

Ligne de Front 071Totalement consacré à la Seconde Guerre mondiale, et particulièrement germano-centré, ce numéro recèle cependant une pépite.. En effet, presqu’en clôture du n°71 du magazine Ligne de Front des Editions Caraktère, le lecteur découvre un dossier sur les fusiliers-marins soviétiques qui évoque l’étendue des actions menées par ces unités (Odessa, Sebastopol, Kertch, Taman, Kouban, Crimée, Sakaline, Kouriles) et leur développement sous l’impulsion notamment de deux hommes : Ilya Grigorievitch STARINOV et Viktor Nikolaïevitch LEONOV. Ils sont à l’origine des quelques plus belles opérations spéciales soviétiques au cours de la guerre. La légende Spetsnaz est née.

Pourtant la couverture ultra classique faisant sa une sur Panzer et bocage normand ne le laissait pas présager, toute focalisée sur le dossier consacré à l’engagement des chars allemands en Normandie face aux Alliés. Ce dernier mérite cependant le détour, même s’il n’apporte pas grand chose de neuf. La synthèse est en effet solidement charpentée.

Pour commencer, la controverse bien connue du positionnement des divisions blindées allemandes (près des côtes ou en retrait pour constituer une réserve stratégique) influe sur toute la bataille et l’Histoire n’apporte pas de réelle réponse à ce qui aurait pu être la meilleure option. Ensuite, les caractéristiques du terrain (bocage, villes et villages) contribuent à segmenter le terrain annulant tout avantage des armes à longue portée. Les chars allemands, à défaut de bénéficier d’une situation stratégique favorable, compensent finalement le manque de pièces antichars en constituant des points d’appui autour desquels se regroupent quelques fantassins épaulés d’armes collectives. Finalement, c’est la plateforme ancienne du Panzer IV tire la mieux son épingle du jeu, bénéficiant d’adversaires à sa portée, d’une fiabilité éprouvée lui permettant d’évoluer dans un contexte où l’appui logistique est réduit et une taille adéquate aux contraintes du terrain. Le Panzer V Panther est trop fragile et sa puissance inutile. Le Panzer VI Ausf. E Tiger est lui aussi trop complexe à mettre en oeuvre et l’exploit de Michael WITTMANN à Villers-Bocage tient plus de l’inconscience et bénéficie de l’incurie des hommes de la 7th Armoured Division qui s’arrêtent sagement rangés en ligne en plein territoire contrôlé par l’ennemi. Le Tiger VI Ausf. B Königstiger équipant la schwere Panzer-Abteilung 503 est lui trop peu utilisé pour être décisif. De toute façon, il ne peut être employé que dans les vastes plaines à l’Est de Caen ou au sortir de la Normandie, ce qui est trop tard.

Plus original, un court article présente le raid de la K-Flotille 361 contre la flotte alliée au large de la Normandie à l’aide de torpilles humaines Neger au cours duquel le navire ORP Dragon battant pavillon polonais est coulé, victoire attribuée officiellement à Walter GERHOLD.

L’opération Taïfun doit clôturer l’opération Barbarossa en permettant aux Allemands de s’emparer de Moscou avant la fin de 1941, six mois après le début de l’invasion de l’URSS. Usées par les combats et les distances, les unités allemandes s’apprêtent à donner un ultime coup de rein. Mais la résistance soviétique ne s’effondre pas et les conditions météorologiques deviennent dantesques. Pour illustrer ce moment, un article détaille l’engagement du XL. Armee-Korps (mot.) sur Ielnia puis sur Mojaïsk en octobre 1941. La SS-Division (mot.) Reich s’y illustre mais subit des pertes importantes. Malgré la neige et le gel, l’avance continue en novembre pour mourir finalement dans les tous premiers jours de décembre. La division SS avec la 10. Panzer-Division ont accompli des prouesses, mais comme l’ensemble du front allemand, se trouvent désormais dans une situation particulièrement précaire, sans pouvoir avancer et sont totalement exposées à un contre soviétique.

Toujours sur le front de l’Est, et en complément du hors-série n°32 consacré aux unités de combat au sol de la Luftwaffe au cours de la Seconde Guerre mondiale, un article décrit la bataille pour Kropyvnytsky (Kirovograd) lors de la bataille du Dniepr au cours de l’hiver 1943/1944 durant laquelle les parachutistes de la 2. Fallschirm-Jäger-Division luttent d’intenses combats. Cette page des combats en URSS est assez peu abordée et pourtant elle est essentielle car elle annonce les poches de Korsun / Tcherkassy et autres encerclements qui aboutissent à la destruction progressif du potentiel militaire allemand à l’Est. Forcées à défendre chaque mètre carré de terrain, sans possibilité de manœuvre ou de repli, des unités entières sont ainsi sacrifiées sans procurer d’avantage décisif.

Dans la rubrique des fortifications, les tours de défense antiaérienne allemandes (Flaktürme) occupent une place particulière et sont rarement abordées. Au-delà de ces monuments qui caractérisent à la fois impréparation du III. Reich face aux raids de bombardement de grande envergure des centres urbains et l’éparpillement des moyens de défense faute d’une stratégie cohérente, il serait également bien d’aborder les différents moyens de défense antiaériens au sol mis en oeuvre sur tout le territoire allemand à cette époque.

Enfin quelques lignes et vues de profils en couleurs décrivent la Camionetta Spa-Viberti AS 42 Sahariana Desertica.

Sommaire :

  • Actualités livres & films
  • Yann MAHE, Le baiser mortel au Dragon, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Didier LAUGIER, Typhon sur Moscou, le XL. Panzer-Korps dans la tourmente, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Laurent TIRONE, Panzer en Normandie, des fauves en cage, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Nicolas ANDERBEGANI, Flaktürme, les donjons du III. Reich, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Christophe PRIME, Les diables vers dans l’enfer blanc, les Fallschirmjäger dans la bataille de Kirovograd, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Yann MAHE, Le baiser mortel au Dragon, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Vincent BERNARD, Les diables noirs, l’infanterie de marine soviétique dans la Grande Guerre patriotique, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Sylvain FERREIRA, Polundra ! Les opérations amphibies soviétiques en Extrême-Orient, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Yann MAHE, Les yeux de la Flotte, les Spetsnaz de la Marine soviétique, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)
  • Laurent TIRONE, Camionetta Spa-Viberti AS 42 Sahariana Desertica, in Ligne de Front n°71 (Caraktère, 2018)

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