Avec ce numéro, le magazine Batailles semble prendre réellement une nouvelle dimension avec l’aboutissement de sa nouvelle ligne éditoriale, plus uniquement centrée sur les deux dernières années de la Seconde Guerre mondiale.
Au-delà de la diversité des sujets, le fond des articles est aussi en amélioration. Et cerise sur le gâteau, les thèmes sortent des traditionnels Panzer et autres unités allemandes.
L’entame des articles donne le ton avec la première partie d’une étude sur le développement de l’arme blindée soviétique dans l’Entre-Deux-Guerres. Connaître cette période est indispensable pour comprendre ce qui va se passer lors de l’Opération Barbarossa en juin 1941. L’Armée Rouge possède un parc blindé immense, souvent obsolète mais avec quelques pépites savamment tenues au secret comme le T-34 qui rendra tous les Panzer de l’époque immédiatement obsolètes, même si encore largement victorieux pour quelques semaines.
Autre morceau assez peu connu de la Seconde Guerre mondiale, mais qui pourtant concerne directement le public francophone, la campagne des dix-huit jours, laps de temps qu’il fallut à la Wehrmacht pour contraindre l’armée belge à la capitulation. En l’occurrence, ce numéro propose un article sur la dernière ligne résistance belge sur la Lys. Cela permet de mieux saisir la difficulté de défendre la Belgique et le dilemme auquel est confrontée sa classe dirigeante, civile ou militaire (voir La déroute française de 1940, la faute aux Belges ? mais également l’article sur les chars Renault ACG1 du Corps de Cavalerie dans Batailles & Blindés n°71). Cela dit, la résistance belge et le fait d’avoir retardé de quatre jours les Allemands, a facilité le rembarquement des troupes britanniques à Dunkerque, premier gros grain de sable d’une série de “frictions” qui amèneront le III. Reich à perdre le conflit.
Toujours à propos de 1940, peu d’unités ont laissé une trace positive pour la postérité côté français. Le Corps de Cavalerie du général PRIOUX en fait partie, grâce notamment au fil à retordre qu’il donna à deux divisions blindées allemandes à Hannut / Gembloux. Mais le reste de sa campagne est assez peu connu et plutôt navrant. Non à cause d’une défaillance de ses hommes, mais plutôt du fait de l’incapacité du commandement français à prendre des décisions et à concentrer ses forces pour véritablement essayer de renverser le cours de la bataille. Autre avantage de cet article, plusieurs photos issues de la collection privée de son auteur, malheureusement disparu un an auparavant (il s’agit de Stéphane FERRARD dont la plume manque à tous les passionnés).
Les chars allemands ne sont quand même pas absents de ce numéro, mais abordés avec un angle original, celui de leur engagement à Stalingrad. Le champ de bataille est totalement différent de ceux rencontrés jusque-là par la Panzerwaffe (à l’exception de Varsovie dès septembre 1939). Le terrain est peu propice à l’emploi de troupes blindées et les pertes seront élevées. Si cette bataille est connue pour ses combats de rue menés par des unités d’infanterie, plusieurs divisions blindées sont engagées. Les résultats diffèrent entre les faubourgs extérieurs et le centre-ville proprement dit. Réalisée à partir de rapports de la 24. Panzer-Division, cette étude n’est malheureusement que parcellaire.
L’arme blindée britannique est étudiée à l’aide de deux articles. Le premier retrace l’engagement d’un régiment de la 7th Armoured Division en Normandie en 1944. Le second présente la conversion du M3 Stuart fourni par les Américains en engin de reconnaissance. Très court, cet article est plutôt l’occasion de présenter quelques photos peu connues et surtout de beaux profils couleurs. Mais en aucun cas, il s’agit d’un article technique.
Nouvelle démonstration des difficultés rencontrées par la Alliés dans les derniers combats de la guerre malgré la disproportion des forces qui s’opposent (voir par exemple Batailles n°65 ou Batailles & Blindés n°61), la conquête de Clèves par les Ecossais en février 1945 dans le cadre de l’opération “Veritable” montrent que jusqu’au bout, les combats en Europe sont acharnés et ne pardonnent aucune erreur.
Batailles ne s’intéresse pas uniquement aux combats sur terre, mais aussi aux autre armes comme en témoigne l’article sur les volontaires américains qui s’enrôlent dans la RAF avant même que les Etats-Unis rentrent en guerre contre le III. Reich.
Comme de coutûme depuis sa nouvelle formule, la guerre d’Indochine est aussi abordée dans les pages de Bataille. Cette fois-ci, il s’agit des Commandos français de Marine et de leurs moyens de transport. C’est vraiment une bonne initiative d’aborder ce conflit de la même façon qu’est traitée la période 1939/1945. Cela rappelle les tentatives de 39/45 Magazine de se frotter aux “guerres contemporaines” dans les années 1980. La filiation de ces guerres est évidente de par les matériels employés et malheureusement elles sont peu abordées dans la presse…
Le circuit est consacré au manoir de Donville et à la bataille de “Bloody Gulch” à proximité de Carentan, haut lieu des combats entre parachutistes américains et allemands dans les tous premiers jours de la bataille de Normandie.
Pour conclure, il s’agit d’un numéro intéressant, qu’il ne faut pas acheter pour le sujet qui fait la couverture (“des Panzer à Stalingrad”), mais pour tous ceux qui sont cachés derrière… La question peut se poser des quelques articles de deux pages qui ne permettent pas de rentrer réellement dans le sujet. Les légendes des profils couleurs sont malheureusement un peu brèves et manquent de détails, même si un effort est mis pour rappeler le contexte dans lequel évoluent les engins présentés (Cumuler contexte et détails serait un must !).
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Sommaire :
- Agenda
- Biblio
- Les guerriers de fer (1), développement de l’arme blindée soviétique 1919-1941 (Luc VANGANSBEKE)
- L’ultime ligne de résistance belge, la bataille de la Lys (23-27 mai 1940) (Yves BUFFETAUT)
- Le Corps de Cavalerie dans les combats de mai (Stéphane FERRARD)
- Les Eagle Squadrons de la RAF (Yves BUFFETAUT)
- Combats de chars à Stalingrad (Yves BUFFETAUT)
- Eté 1944, le 5th RIDG en Normandie, de Juno Beach jusqu’à la Seine (Thierry CHION)
- La 7ème Division Blindée, bref historique (Thierry CHION)
- Stuart Recce, quand le “General Stuart” perd la tête (Ludovic FORTIN)
- Opération Veritable, février 1945, la 15th Scottish Division à l’assaut de Clèves (Ludovic FORTIN)
- Les Commandos de Marine français en Indochine (Yoann MARLIERE)
- Du LCVP au LVT, les moyens de transport des commandos en Indochine (Yoann MARLIERE)
- Circuit, le manoir de Donville et la bataille de Bloody Guch (Yves BUFFETAUT)
- Les insignes des divisions blindées britanniques
Profils couleurs :
- T-18, URSS
- T-26 modèle 1932, Mongolie, Khalkin Gol, août 1939
- T-26 modèle 1935, Mongolie, août 1939
- Stuart Mark VI “T213532”
- Cromwell Mark IV, 7th Armoured Division
- M4 Medium Tank IC Hybrid Firefly “T-269857”, 7th Armoured Division
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