**** Excellent / *** Très bien / ** Bien / * Moyen / x A éviter
Les sujets classiques et souvent resservis par la littérature spécialisée peuvent encore donner du bon, voire du très bon ! C’est le cas ici dans ce numéro de Batailles & Blindés, dont les lecteurs sont habitués à la qualité des travaux.
Deux sujets ont en effet déjà fait couler beaucoup d’encre : les chars français en 1940 et les conditions de la mort de l’as des as des Panzer du III. Reich, Michael WITTMANN.
Le premier replace l’évolution de l’arme blindée française depuis la fin de la Première Guerre mondiale et explique les choix qui ont été faits et pourquoi ils se sont avérés malheureux en mai et juin 1940 malgré des équipages de qualité, des matériels neufs et de bonne qualité. L’accent est mis à juste titre sur le manque de combinaison des différents facteurs et sur le facteur « humain » qui a obéré les capacités organisationnelles de l’ensemble. Autre enseignement très bien expliqué : un armement seul n’est rien. Bref, cet article, loin d’être une redite, est une parfaite synthèse du drame français de 1940 et une leçon de management des organisations.
Le second sujet concerne la fin de Michael WITTMANN à bord d’un PzKpfw VI Ausf. E « Tiger » de la schwere SS-Panzer-Abteilung 101 près de Cintheaux en Normandie le 8 août 1944. Après avoir rappelé les légendes qui se sont accumulées et auto-nourries au fil des décennies, l’article revient sur les hypothèses les plus probables et examine chaque détail et chaque témoignage pour essayer de faire sortir les éléments qui paraissent intangibles. Au final, il apparait que l’attaque allemande a été faite en dépit du bon sens, faute de temps de préparation, par fatigue physique et morale, par sentiment de supériorité. C’est un véritable guêpier qui attend les chars lourds allemands, un véritable succès tactique anglo-canadien. L’article est particulièrement bien construit, illustré brillement (carte pleine page en format A4, scénographie des dernière secondes du « Tiger » de WITTMANN).
D’un point de vue opérations, ce numéro revient sur les combats assez peu connus de la Leibstandarte SS le long de la Mer d’Azov à l’automne 1941 où les limites de l’opération « Barbarossa » sont déjà évidentes, sur le dernier coup de poker en Tunisie avec l’opération « Ochsenkopf » qui malgré un conglomérat d’unités d’élite et de chefs expérimentés et brillants sera un échec, sur la charge digne des heures de gloire de la cavalerie américaine de la Task-Force « Butler » des plages de Provence à Gap en août 1944.
Le blindorama est consacré à la Nouvelle-Zélande dont les unités blindées méritent d’être davantage connues.
En résumé, un numéro qui fera date compte tenu de la qualité de ses deux dossiers principaux qui n’enlèvent rien à la qualité des autres articles tous d’excellente facture.
=> Batailles & Blindés n°59, Editions Caraktère, février / mars 2014, 6,90 € (prix à parution, France métropolitaine), 84 pages
=> Texte, photos N&B et couleurs, cartes, profils couleurs, reproductions couleurs d’objets d’époque
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