Dans son numéro 312, 39/45 Magazine démontre une nouvelle fois à quel point la Seconde Guerre mondiale regorge de sujets inédits qui peuvent être étudiés et mis à la disposition d’un public pas forcément expert.
Tout d’abord, deux articles traitent du même lieu alors que les occupants changent en fonction de l’évolution de la guerre. Le domaine de Pignerolle à Angers héberge dès la fin 1939 les représentants polonais qui ont choisi de poursuivre la lutte contre le Reich. Ainsi Angers devient pour quelques mois « la capitale de la Pologne ». La défaite de mai / juin 1940 force les Polonais à s’exiler en Grande-Bretagne pour continuer la lutte jusqu’à la victoire. Malheureusement, ce gouvernement ne sera jamais reconnu par l’URSS et l’exil continuera jusqu’au décès de ses représentant ou à la chute de l’Empire soviétique en 1989 quand le dernier exilé pourra rejoindre sa Pologne natale avec les insignes présidentiels qui avaient échappés à l’invasion allemande de septembre 1939.
Le domaine de Pignerolle héberge ensuite le Grossadmiral DÖNITZ qui y installe son quartier-général à la suite du raid britannique sur Saint-Nazaire qui montre que la côte est trop exposée pour y abriter des installations sensibles et non indispensables. Le domaine est donc aménagé et plusieurs bunkers et baraquements sont construits. Certains d’entre eux seront ensuite utilisés par les services du château et visibles encore aujourd’hui.
Ces deux articles, les photos prises à différentes époques montrent que les hommes et le temps passent, mais que l’environnement reste, témoigne du passé et transmet son héritage. Ces vestiges démontrent à quel point, sans que l’on s’en rende compte toujours, la Seconde Guerre mondiale a imprimé sa marque dans notre environnement aussi bien physique que politique, économique et culturel.
Deux biographies sont également proposées. La première retrace la carrière du général britannique Richard N. GALE, célèbre pour avoir commandé la 6th Airborne Division lors du Débarquement. La seconde revient sur un pilote français des FFL que la guerre a physiquement marqué. La guerre, au-delà des opérations, des mouvements de troupes, du terrain conquis ou perdu, c’est avant tout l’histoire d’hommes et de femmes qui vivent une expérience extrême et de « leaders » qui forcent le destin dans un sens ou dans l’autre.
L’article sur les volontaires français anciens de LVF qui servent dans le NSKK en Italie pour assurer la logistique arrière allemande de la Luftwaffe est aussi très intéressant. Les photos qui illustrent le texte sont également de grande qualité et montrent un aspect différent des scènes habituelles de combat mais tout aussi intéressant.
Côté opérations militaires, ce numéro comprend également la troisième partie de l’étude sur les Marines américains à Tarawa lors de la reconquête du Pacifique et un article sur le drame de Mers-el-Kébir.
L’archéologie est également présente au sommaire de ce numéro avec la recherche de l’épave d’un sous-marin soviétique disparu en Mer Noire. L’occasion de rappeler que les opérations navales liées au Front de l’Est sont très largement méconnues mais pas inexistantes. C’est certainement là aussi une piste historique à défricher…
En conclusion, c’est vraiment un très bon numéro qui renouvelle les sujets abordés voire qui les instaure. La qualité des textes et des illustrations est également très appréciable.
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