A l’exception d’un article dédié à l’offensive française en Artois en 1915, Ligne de Front n°43 est presqu’exclusivement consacré à la Seconde Guerre mondiale.
Poursuivant ses articles sur les derniers combats du III. Reich, Stéphane MANTOUX propose une très bonne étude de l’offensive soviétique de janvier 1945 sur la Prusse Orientale et la chute de Königsberg. Malgré un rapport de force totalement disproportionné, un complexe militaro-industriel en ruine, des réserves humaines épuisées, le manque de pétrole, la Wehrmacht donne du fil à retordre à l’Armée Rouge au point de rompre une première fois l’encerclement autour de Königsberg. Quatre mois sont nécessaires pour prendre le contrôle total de la région. L’utilité militaire d’une telle conquête est douteuse (les unités allemandes étant de toute façon incapable de menacer les pointes soviétiques vers Berlin), mais politiquement parlant elle est indispensable. Les contraintes de pagination obligent à aller à l’essentiel et à survoler les différents aspects de cette bataille qui mérite d’être mieux connue : l’influence des combats en Courlande et en Hongrie, la rôle clef de la Kriegsmarine… La gestion de l’évacuation des populations, l’apport de la Volksturm, les conséquences politiques humaines de la conquête de la Prusse Orientale sont malheureusement absents (voir aussi 1944 / 1950, une trilogie pour mieux comprendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences immédiates…). Cela n’enlève pas l’extrême clarté de la description des principales opérations militaires d’une bataille mine de rien complexe à maîtriser. Les cartes qui accompagnent le texte et les photos sont très utiles.
Alexandre THERS propose de son côté d’étudier les tactiques de l’infanterie allemande en abordant l’organisation de ses unités primaires, de son armement et de ses hommes. Une belle analyse tactique avec quelques exemples illustratifs agrémentés de schémas tactiques qui raviront les amateurs. Les clichés qui accompagnent l’étude sont également de toute beauté et très bien choisis.
Raids et opérations spéciales ne sont pas l’apanage de la guerre du désert ou des SAS britanniques. C’est une bonne idée que de revenir sur le raid avorté des Allemands dans le Grand Nord début 1942 pour couper la ligne ferroviaire qui dessert Mourmansk.
Côté insolite, les deux articles concernant le “canon à bruit” et l’histoire des troupes américaines formées de ressortissants d’origine japonaise révèlent là-aussi des aspects méconnus de l’historiographie officielle de la Seconde Guerre mondiale.
Pour revenir à l’article sur l’offensive française en Artois en 1915, il démontre comme il est dommage de ne pas bénéficier pour la Première Guerre mondiale d’une même qualité de traitement que pour la Seconde. Cela donne un « coup de jeune » à l’histoire de ce conflit. Espérons que Ligne de Front revienne ainsi plus régulièrement à la période 1914-1918.
www.3945km.com – Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, un siècle d’histoire militaire planétaire !
Bonjour,
On atteint là, en effet, les limites de l’exercice article dans magazine : la taille contraint à faire des choix. Les ouvrages cités en bibliographie sont du coup plus orientés histoire militaire de la campagne, d’ailleurs, que les points dont vous soulignez l’absence. J’ai voulu traiter le sujet rapidement et ce n’est pas le meilleur article que j’ai produit, loin de là. Une synthèse efficace mais non détaillée. Il est évident que le sujet mériterait un livre.
Bien à vous.
L’article est tout de même de très bonne facture. Je crois même que d’un point de vue des opérations militaires, c’est la meilleure synthèse qui existe en langue française. Certes deux ou quatre pages de plus auraient aidé à développer un peu plus certains aspects. Et j’imagine que ce n’est pas votre dernier article sur les derniers combats en Europe…
C’était le but : faire une synthèse globale et accessible. Ceci étant dit, je regrette de ne pas avoir eu le temps de trouver des sources originales. Je pense en particulier au côté soviétique des opérations (et donc aux sources russes), qui même sur le plan militaire, mériterait d’être davantage creusé. On écrit en effet beaucoup sur l’évacuation de la Kriegsmarine, la défense allemande de Königsberg, l’anabase de certaines formations, etc, tout en négligeant beaucoup l’Armée Rouge -sans parler des poncifs sur les atrocités commises (indubitables, mais auxquelles on réserve souvent une place disproportionnée ou bien que l’on n’explique pas comme il le faudrait)- et la stratégie/diplomatie/politique soviétique de manière générale.
Sur les articles à venir, et concernant le front de l’est, non, effectivement, ce n’est pas le dernier… quelques pépites à venir d’ici quelques temps.
Cordialement.