La rentrée 2012 s’annonce plus que morose pour la presse spécialisée dans l’histoire militaire et plus particulièrement l’Histoire militaire. Abondance de l’offre, pouvoir d’achat en berne, lectorat en baisse mais plus exigeant, irruption des nouvelles technologies, coûts des matières premières…
Les lancements de quelques revues « génériques », spécialisées (« LOS ! », « Normandie 1944 », « 39/45 Magazine Batailles & Témoignages ») et de la revue grand public « Science & Vie Guerres & Histoire » ne doivent pas faire illusion sur la santé du secteur. Déjà « Axe & Alliés » et « Histoire(s) de la Dernière Guerre » ont cessé de paraître malgré le sérieux de leurs lignes éditoriales. Les changements de formule, les ralentissements des rythmes de production traduisent également les difficultés, sans parler des appels au secours parus dans nombre d’éditoriaux.
Il est évident qu’à un moment où la crise économique produit de plus en plus d’effets sur le pouvoir d’achat, le budget « passion et loisir » est l’un des premiers touchés.
Mais la crise n’est pas la seule raison à ces difficultés. La Seconde Guerre mondiale intéresse moins de monde que durant les années 60, 70 et 80 compte tenu du renouvellement des générations. La fin du XXème siècle et le début du XXIème ont été riches en interventions militaires, générant de fait un intérêt certain pour les conflits plus contemporains aux dépends des anciens conflits « phares » qui drainaient des dizaines de milliers de lecteurs.
Dans les années 80, les Editions Heimdal avec 39/45 Magazine avaient révolutionné le genre plutôt dominé à l’époque par les revues encyclopédiques. Dans les années 2000, ce sont les Editions Caraktère qui ont apporté un souffle nouveau et vivifiant sur ce marché, montrant ainsi qu’un contenu de qualité, apportant de l’inédit et surprenant correspondait aux attentes d’un lectorat de plus en plus exigeant. En effet, les passionnés qui collectionnent les publications depuis plusieurs années, voire dizaines d’années, ont besoin de sentir qu’il y a quelque chose de nouveau.
Or, le secteur peut pâtir d’une image qui se dégrade. Outre les nouvelles publications, souvent éphémères, qui ne font que remettre au goût du jour des textes plus anciens et des illustrations usées à force d’être publiées, certaines publications refont du neuf avec de l’ancien sans pour autant apporter beaucoup d’éléments nouveaux… C’est dommage et cela nuit à l’image de l’offre, même si les impératifs commerciaux et financiers sont largement compréhensibles. Entre optimiser ses coûts pour exister et prendre le lecteur pour une vache à lait, il y a une différence notable !
Côté technologie, force est de constater que nos éditeurs nationaux restent très attachés au papier, à la différence de leurs homologues anglo-saxons qui investissent l’univers de l’édition électronique. C’est vrai que la vieille bonne bibliothèque est une valeur sûre et solide, mais il devrait être possible de mettre à disposition du contenu « à la demande » et moins cher.
Pourtant, il reste encore beaucoup à explorer. Des pans entiers de la Seconde Guerre mondiale restent encore largement inexplorés et inconnus. Certaines études mettent d’ailleurs en valeur des regards inédits et apportent un vrai renouveau dans l’analyse historique, aidées en cela par le recul du temps et l’accès à de nouvelles sources d’archives.
En conclusion, malgré les difficultés actuelles et à venir, il y a de l’espoir ! Le marché existe, du vrai inédit est encore largement disponible et des acteurs de qualité sont toujours là…