Fidéle à son habitude, et à son fondateur Christian-Jacques EHRENGARDT, ce numéro d’Aérojournal est charpenté autour de quelques longs et denses articles. Dans la rubrique des actualités, six pages présentent les actuels avions de chasse dits de cinquième génération. Les coûteux F-22 et F-35 américains en sont les visages les plus connus, mais il ne faut pas oublier les projets plus ou moins aboutis d’autres nations (Su-57 russe, J-20 et J-31 chinois, Quaher-313 iranien, Mitsubishi X-2, Saab Flygstystem 2020, TAI TF-X turque ou encore le HAL Advanced Medium Combat Aircraft indien). Si plusieurs de ces projets ne verront probablement jamais le jour d’un point de vue opérationnel, ils n’en démontrent pas moins la redistribution planétaire des cartes de la puissance aérienne avant de laisser la place à une nouvelle ère aéronautique, celle des aéronefs sans pilote…
Développer un nouveau système d’arme n’est cependant pas inné et encore moins à la portée de tous. C’est ce que démontre l’excellent dossier consacré à l’aviation embarquée allemande à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le fameux porte-avions inachevé Graf Zeppelin n’est que la partie émergée d’un projet beaucoup plus vaste, démarré secrètement bien avant l’arrivée d’Adolf HITLER au pouvoir et qui prévoyait pas moins de quatre porte-avions. En retard par rapport aux autres nations avec lesquelles elle est directement en concurrence, l’Allemagne voit pourtant assez tôt l’intérêt du porte-avions.
Elle manque cependant de repère et d’expérience pour construire rapidement une telle force. Ce qui est faisable avec l’arme blindée, l’est beaucoup moins ici. Comme souvent sous le III. Reich, la gouvernance des projets laisse à désirer et ne permet pas une utilisation optimale des ressources. Au-delà du navire lui-même et de la plate-forme pour les avions, il faut aussi développer des aéronefs capables d’évoluer dans ce cadre. L’arrêt précoce du programme est certes lié au déclenchement de la guerre, mais aussi à un manque de maturité doctrinale impossible à combler dans la situation du III. Reich en guerre. A la différence des chars et des avions que l’Allemagne a pu tester plusieurs fois grâce à un partenariat secret avec l’URSS et lors d’opérations réelles (guerre d’Espagne, annexion de l’Autriche) avant d’entrer véritablement en guerre, la mise à flot d’un groupe aéronaval est opérationnellement une inconnue.
Cela n’empêche que l’idée revient sur le devant de la scène avant définitivement remisée au moment de la chute de Stalingrad… Mais l’ampleur des refontes à entreprendre enterre définitivement l’aéronavale allemande.
L’article est aussi l’occasion de découvrir les appareils spécialisés et développés pour les portes-avions (Arado Ar 195, Arado Ar 197, Fieseler Fi 167 A-0, Junkers Ju 87 C-1, Junkers 87 E, Messerschmitt Bf 109 T, Messerschmitt Me 155) ainsi que l’unité destinée à équiper le groupe aéronaval (Trägergruppe 186) qui connaît l’épreuve du feu comme n’importe quelle autre unité de la Luftwaffe en s’envolant du sol.
Poursuivant son étude de la Luftwaffe en France au cours de la Seconde Guerre mondiale, un article se penche sur les bases utilisées par la Luftflotte 3 de 1940 à 1944 – plus particulièrement : Abbeville-Drucat, Juvincourt, Brest, Bordeaux-Mérignac, Le Bourget, Marseille-Marignane, Melun-Villaroche, Caen-Carpiquet. Egalement, l’article sur les raids Baedecker sur la Grande-Bretagne au printemps 1942 en réponse au bombardement sur Rostock montre le front de l’Ouest n’est pas totalement calme d’un point de vue opérations aériennes pendant que les combats font rage en URSS et bien avant la préparation du Débarquement. Le texte est accompagné d’un tableau des pertes en bombardiers du 23 avril au 5 mai 1942.
Egalement, un bel article sur l’engagement des A-20 en Méditerranée du 47th US Bomb Group de la 12th US Air Force : Tunisie, Italie, Corse et Provence. Les photos sont particulièrement intéressantes, notamment celles détaillant les grappes de bombes à fragmentation ou un cluster de plaquettes incendiaires.
Sommaire :
- Laurent LAGNEAU & Laurent TIRONE, F-22 Raptor, chasseur suprême mal employé, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018) : article de deux pages décrivant les conséquences de la réduction de la commande initiale du Lockheed Martin F-22 Raptor et l’arrêt des chaînes de fabrication sur la disponibilité des appareils en service et la formation des pilotes – Photos couleurs.
- Laurent LAGNEAU, Boeing présente une nouvelle version du F-15 capable d’emporter 24 missiles air-air, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018) : article d’une page exposant le projet d’un F-15X avec une capacité accrue d’emport de missiles air-air destiné à compenser la pénurie de Lockheed Martin F-22 Raptor (dont la production a été arrêtée après la livraison de cent quatre-vingt-six appareils au lieu des sept cent-cinquante initialement prévus) afin de donner une seconde vie au McDonnell Douglas F-15 Eagle qui pourrait ainsi délivrer des missiles en appui des F-22 et F-35 – Photos couleurs.
- Laurent LAGNEAU, Le Rafale est en lice pour remplacer les MIG-29 de la force aérienne bulgare, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018) : article d’une page sur le besoin de renouvellement des Mikoyan-Gourevitch MiG-29 équipant les forces aériennes bulgares par des appareils plus modernes et leur intérêt pour le Dassault Rafale – Photos couleurs.
- Laurent TIRONE, Les avions de 5ème génération un concept déjà suranné ?, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018)
- Vincent BERNARD, Les ailes allemandes en France, la Luftflotte 3 (1940-1944), in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018)
- Yann MAHE, Des avions pour Zeppelin & Strasser, l’aviation embarquée allemande de la Seconde Guerre mondiale, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018): article de trente pages sur les projets de portes-avions allemands durant l’Entre-Deux-Guerres (aboutissant à la mise en chantier des Flugzeugträger Graf Zeppelin et Flugzeugträger Peter Strasser qui ne sont cependant jamais achevés) et le développement de l’aéronavale associée sur la base d’appareils spécifiques ou navalisés (Arado Ar 195, Arado Ar 197, Fieseler Fi 167, Junkers Ju 87 C, Junkers Ju 87 E, Messerschmitt Bf 109 T, Messerschmitt Me 155) regroupée au sein de la Trägergruppe 186 – Photos, profils couleurs, profils couleurs 3D, plans.
- Grégory PONS, Boston en Méditerranée, les A-20 du 47th Bomb Group, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018)
- Chris GOSS, Les raids Baedecker, le Blitz oublié, in Aérojournal n°67 (Caraktère, 2018)
Boutique :
www.3945km.com – Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, un siècle d’histoire militaire planétaire !